Il semble facile d’assimiler la traduction à un dialogue : dialogue d’un auteur avec un autre, lien de deux subjectivités, échange fructueux dans l’intimité d’une écriture. Les traducteurs eux-mêmes emploient volontiers cette métaphore pour évoquer leur travail. Néanmoins, c’est une notion voisine que nous voudrions interroger : celle de « conversation », telle qu’elle a été théorisée par Mallarmé dans ses Notes sur le langage. Il s’agira donc tout d’abord d’exposer ce modèle tel que l’a pensé Mallarmé, pour ensuite l’appliquer au prétendu « échange » ayant lieu entre le traducteur et le poète qu’il traduit. Le dialogue entre le poète et son traducteur se révèle en effet bien plus complexe qu’il n’y paraît, traversé par d’autres voix, mais ...