Des éphémérides aux almanachs : les transformations du recours au calendrier dans les pratiques astrologiques européennes du XVe siècle

International audienceWhile seeking to order time – whose only markers are recurring astronomical events – no calendar can ignore the « science of the stars ». In turn, astronomy – and its direct application, astrology – practitioners themselves fall back on chronological tables to figure out planetary positions without having to compute them entirely every time. In Latin-speaking Europe, these sorts of tables become widespread from the 12th century forward, first through astronomical tables, used to help calculate planetary positions, then through perpetual almanacs. During the 15th century, while those tools keep getting improved, a very special sort of astrological writing, prognostications, also known as annual predictions or tacuinus in Latin (from Arabic taqwîm, table), rarely found until then, is becoming widespread. Matching particularly well with calendars, they hang on their margins, blend with almanacs, and produce in turn their own calendar-like contents: daily weather forecast, lists of new and full moons, of dies fasti or to be preferably chosen for diverse activities, especially medicine related. By the end of the century, while astronomical tools are more and more easily accessible, especially thanks to Reiomontanus’ ephemerides, they transform: although getting apparently more complex, they take advantage of the recent printing technology, play with formats, and, from lists, go back to calendar form. Their audience change as well: in 1491 is printed the first Kalendrier et Compost des Bergiers (soon after translated as Kalendayr of the shyppars), which marks the transition from calendar as professional tool for the practitioner to calendar as a mean for the « wide » availability of a simplified astrological discourse, from which the following centuries are filled.En ce qu’il cherche à ordonner le temps, dont les seuls marqueurs fixes sont des évènements astronomiques récurrents, aucun calendrier ne peut ignorer la science des étoiles. De leur côté, les praticiens de l’astronomie, et de son application directe, l’astrologie, ont eux-mêmes volontiers recours à des tables chronologiques pour retrouver les positions des planètes sans refaire à chaque fois l’ensemble des calculs qui y mènent. Dans l’Europe latine, celles-ci se généralisent à partir du XIIe siècle, avec l’hégémonie des tables de calcul des positions planétaires, puis avec les almanachs perpétuels. Alors que ces outils se perfectionnent encore au XVe siècle, un genre astrologique très particulier, jusqu’alors rarement conservé, se généralise : les pronostications, ou prédictions astrologiques annuelles, que l’on nomme parfois en latin tacuinum (de l’arabe tawîm, tableau), se marient particulièrement bien aux calendriers. Elles s’attachent à leurs marges, se confondent avec les almanachs, et, en contrepartie, produisent leurs propres contenus « calendaires » : prédictions météorologiques journalières, listes de nouvelles et pleines lunes, de jours fastes, ou à privilégier pour diverses activités, notamment médicales. À la fin du siècle, alors que les outils astronomiques sont de plus en plus disponibles, grâce notamment aux « éphémérides » de Regiomontanus, elles se transforment ; tout en se complexifiant en apparence, elles s’approprient la technique nouvelle de l’imprimerie, jouent des formats et, de listes, reprennent la forme tabulaire. Elles changent aussi progressivement de public : en 1491 paraît pour la première année le Kalendrier et Compost des Bergiers, qui acte le passage du calendrier, outil professionnel de l’astrologue, au calendrier, mise à disposition « grand public » du message astrologique simplifié, dont les siècles suivants verront le succès