Библеизмы в русской поэтической речи

Efim Etkind, Biblical terms in the Russian poetic language. Church Slavic vocabulary significantly enriches the Russian language. It has remained in the language thanks to the Bible that passed it on to secular literature which evolved into belles- lettres in the mid-eighteenth century. French underwent an ever-increasing purification process that culminated in Racine's two-thousand-word-rich poetry. Racine's biblical tragedies, Esther and Athalie, differ only very slightly in style from other tragedies. For the German language, biblical locutions were lost in Luther's 1521 and M. Mendelssohn's 1779 translations which took away the sacred aura of the Scriptures. Russian poetry, on the other hand, kept a significant amount of Church Slavic turns of phrase. Lomonosov, Derzhavin, and Pushkin used them in their own ways. During the Soviet era, poets found other ways of expressing solemnity. For example, Zabolotskii borrowed from the scientific language of mathematics, natural science, and philosophy. Anna Akhmatova's poetry is very individualized. Throughout her work, biblical terms no longer serve the purpose of ornamentation, but reflect the essence of man's inner world.Efim Etkind, Les expressions bibliques dans le discours poétique russe. La couche archaïque du lexique est une grande richesse de la langue russe, elle a été conservée grâce à la Bible. Celle-ci l'a portée jusqu'à la naissance de la nouvelle littérature, au milieu du XVIIe siècle. Le français a subi une épuration croissante jusqu'à l'apparition de la poésie de Racine, riche de deux mille mots. Stylistiquement, ses tragédies bibliques, Esther et Athalie, diffèrent peu de ses autres tragédies. L'allemand a perdu, lui aussi, ses expressions bibliques dans les traductions de Luther (1521) et de M. Mendelssohn (1779) qui ont désacralisé les Écritures. La poésie russe, en revanche, a gardé un nombre important d'expressions appartenant au slavon ; Lomonosov, Deržavin, Puškin les ont utilisées de différentes façons. Au cours de l'époque soviétique, les poètes ont trouvé d'autres sources d'expression du solennel ; pour Zabolockij, par exemple, ce fut le langage savant : les mathématiques, les sciences naturelles, la philosophie. L'œuvre poétique d'Anna Ahmatova est un cas particulier : chez elle, les mots de la Bible ne font plus partie du décor historique ; ils deviennent des éléments nécessaires de la poésie lyrique reflétant l'essence du monde intérieur.Etkind Efim. Библеизмы в русской поэтической речи. In: Cahiers du monde russe : Russie, Empire russe, Union soviétique, États indépendants, vol. 39, n°4, Octobre-décembre 1998. pp. 605-620