Riziculture et aménagement des marais dans le Buyenzi

Paddy culture and marsh development in Buyenzi country. With almost 400 hab./sq.km, Buyenzi which is situated in the Northern part of the central plateau, is the most densely populated region of Burundi. There is little vacant land, with the exception of marshes, vast systems of the valleys deeply set in the plateau. But its development is so difficult, especially for the largest ones, that until 1980, they were sparsely occupied despite intense demographic pressure. Only used for dry season crops from June to December, these marshes are too wet, and often flooded for the rest of the year. In 1 980 for the first time, rice was planted during the rainy season and this crop was an immediate success because it fits well in the agricultural calendar while using unoccupied land. Today the annual production is over 7 000 1, a third of the whole Burundi output. But paddy cultivation is forcing changes in the crop system, the rice vegetative circle overlaping the one of the dry season plants. In addition, getting maximum yield would need modifications of the traditional cultivation of the marshes and the development of small irrigation technics. Plant diseases have recently appeared, but the main problem is a com¬ mercial one. Over production has saturated the market and only autoconsumption would be a solution to this crisis ; but rice is not yet a part of the peasant’s diet For the first time in 1988, rice production decreased. Sounder marketing practises and the introduction of disease resistant varieties should rejuvenate the production and put an end to problem which seem to only be growing pains.Avec près de 400 hab./km², le Buyenzi, qui occupe le nord des plateaux centraux du Burundi, est la plus densément peuplée des régions du Burundi. Il reste peu de terres libres hormis dans les marais, vastes organismes occupant de larges vallées encaissées dans les plateaux, mais qui présentent de telles difficultés d’aménagement que beaucoup, et surtout les plus grands sont encore peu occupés malgré la forte pression démographique. Utilisés pour les cultures de contre-saison qui durent de juin à décembre, ces marais sont trop humides et même inondés le reste de l’année. En 1980, pourtant, on a commencé à y repiquer du riz pendant la saison des pluies et cette culture a connu un succès foudroyant car elle s’intégre bien dans le calendrier agricole tout en occupant un espace encore inutilisé pendant cette période. Aujourd’hui la production annuelle du riz a dépassé 7 000 1, soit 1/3 de celle de tout le Burundi. Mais le développement de cette culture a conduit à des changements dans le calendrier agricole, le cycle du riz débordant sur celui des cultures de contre-saison. De plus, la recherche de rendements maximaux implique une modifica¬ tion dans l ’aménagement traditionnel des marais. A la culture sur billons devrait se substituer la mise en place de casiers rizicoles qui, seuls, permettent une réelle maîtrise de l’eau. A ces difficultés sont venus se greffer deux problèmes majeurs. L’appa¬ rition de maladies du riz a conduit à une chute sensible du rendement. Mais surtout la commercialisation du riz se heurte à un problème de mévente, une planification aventureuse ayant conduit à une production importante tandis que la consomm ation augmente peu. La solution serait l’ autoconsommation de cette céréale qui n’entre pas encore dans les habitudes alimentaires des paysans. Pour la première fois, en 1988 la production du riz a baissé au Buyenzi. L’assainissement du marché et la diffusion de variétés résistantes aux maladies devraient pourtant relancer sa culture et clore ce qui n’est sans doute qu’une crise de croissance.Bidou Jean-Étienne. Riziculture et aménagement des marais dans le Buyenzi. In: L’eau et l’aménagement dans l’Afrique des grands lacs. Colloque de Bujumbura 14-18 mai 1991. Talence : Centre de recherche sur les espaces tropicaux, 1993. pp. 105-127. (Pays enclavés