Entre l’esquive et la mise à plat : traduire l’intertextualité chez James Thurber

Considérant l’intertextualité comme une catégorie du « lexiculturel », c’est-à-dire le surcroît de sens attaché aux mots dénotant des réalités « culturelles » qui est immédiatement perceptible au locuteur de la langue mais opaque pour l’étranger, on examinera divers exemples tirés de l’œuvre de James Thurber, des citations d’illustres personnages de l’histoire américaine à la reprise de proverbes qui ont traversé les âges en passant par la création d’une atmosphère diffuse évoquant un univers fictionnel universellement connu. Traduire toutes ces formes d’intertextualité signifie tenter de reproduire l’effet du jeu intertextuel plutôt que simplement traduire ou transposer sa forme, dans la mesure où l’intertexte doit rester latent pour être efficace.Starting from the premise that intertextuality is but a category of the “lexicultural,” i.e. the halo of meaning that surrounds words denoting “cultural” realities and is immediately perceptible to a native speaker but more foreign to a non-native speaker, this paper examines different instances of intertextuality in James Thurber’s fables and stories. These range from the distorted allusions to famous quotations of American historical figures to reformulations of time-honoured proverbs and sayings to the more discreet and diffuse building-up of atmospheres which evoke universally-known fictional worlds. Translating all of these varieties of intertextuality is shown to mean striving to reproduce the effect of the intertextual play rather than simply translating or transposing its form, as its potency strictly depends on the latency of the intertext