Connue sous des noms divers, la fable de l’animal familier qui, après avoir protégé un nourrisson d’un serpent, s’avance en sang au-devant de son maître qui imagine le pire, sert à illustrer une leçon universelle sur les jugements hâtifs et les décisions impulsives. Depuis ses origines indiennes et arabes, elle n’a cessé d’être reconfigurée en traversant les cultures. Assimilée par l’Occident chrétien, l’anecdote exemplaire revendique une valeur probatoire, mais de quoi ? Sa valeur didactique fluctue nécessairement au rythme des reformulations du récit. À partir d’une trame narrative semblable, ou du moins reconnaissable, les déplacements de sens sont parfois considérables par rapport à l’antécédent arabe et peuvent être rapportés à la prég...