Jean Rouch au rendez-vous de juillet : métamorphose d’un ethnologue cinéaste

Le 17 juillet 1946, un groupe de jeunes explorateurs français, cinéastes et ethnologues en devenir, s’envole vers l’Afrique-Équatoriale française. Ce départ, qui a inspiré au réalisateur Jacques Becker son célèbre Rendez-vous de juillet, est le début d’une aventure décisive pour le cinéma ethnographique. Déposé en avion à Niamey, Jean Rouch réalise un premier film au cours de sa descente du Niger, tandis que les membres de la mission Ogooué-Congo réalisent trois courts métrages sonorisés par Gilbert Rouget. L’un d’eux, Au pays des Pygmées, a été primé lors du Ier Congrès du film d’ethnologie et de géographie humaine. Sur fond d’institution du film ethnographique au musée de l’Homme, cet article revient sur les rapports ambigus que Rouch a entretenus avec ce groupe de jeunes explorateurs, le groupe Liotard, à une époque où il n’était pas encore cinéaste, ni tout à fait ethnologue.On 17 July 1946, a group of budding young French explorers, filmmakers and ethnologists flew to French Equatorial Africa. This journey, which inspired the French director Jacques Becker’s famous Rendez-vous de juillet, was the beginning of an adventure which determined the course of ethnographic cinema. Once he had disembarked from the plane in Niamey, Jean Rouch made his first film during his descent of the Niger, while members of the Ogowe-Congo mission made three short films with sound by Gilbert Rouget. One of these films Au pays des Pygmées, won an award at the Premier Congrès du Film d’Ethnologie et de Géographie Humaine. In the context of the establishment of the ethnographic film at the Musée de l’Homme in Paris, this article revisits the ambiguous relationship that Rouch maintained with this group of young explorers, the Liotard group, at a time when he was not yet a filmmaker, and yet not quite an ethnologist