Avant Jean Rouch : le cinéma « ethnographique » français tourné en Afrique subsaharienne

En développant sa propre écriture filmique qui ne ressortit que peu à la tradition du cinéma français dit « ethnographique » tourné en Afrique subsaharienne, Jean Rouch s’affirma exemplairement comme un auto-didacte. Cela n’est certainement pas dû à son manque de connaissance et de reconnaissance d’une telle tradition, comme en témoigne son importante contribution au catalogue de l’Unesco des Films ethnographiques sur l’Afrique noire, paru en 1967. Cet article offre un tour d’horizon du corpus de ces films dits « ethnographiques » au sens large du terme, qui furent tournés en Afrique par des opérateurs ou réalisateurs français avant Rouch. Les appréciations faites par ce dernier dans le catalogue de l’Unesco y sont donc à la fois commentées et enrichies par l’auteur, puisqu’un certain nombre de films sont récemment redevenus plus visibles ou accessibles grâce à de nouvelles études des fonds français d’archives audiovisuelles et à leur numérisation progressive. Pour finir, l’originalité de Rouch, dès ses premiers films est brièvement considérée au regard de cette tradition du cinéma « ethnographique » français réalisé en Afrique subsaharienne.In developing his own distinctive écriture, Jean Rouch was famously an autodidact, drawing only to a limited extent on pre-existing models of French “ethnographic” film-making practice in sub-Saharan Africa. This was certainly not due to a lack of knowledge or interest on his part as is testified by his many contributions to the 1967 Unesco historical catalogue, Films ethnographiques sur l’Afrique noire. This article offers an overview of the corpus of films that could be broadly classed as “ethnographic” and which were made in sub-Saharan Africa by French filmmakers prior to Rouch’s time. In doing so, it alternately endorses and contests, but also supplements Rouch’s own account of that corpus of work, since in recent years, a number of new films have come to light or have attracted renewed interest, largely on account of the digitization of archive collections in France. In the final section, the originality of Rouch’s own contribution to French “ethnographic” filmmaking in sub-Saharan Africa is briefly considered