Espacement et arrêt dans le contrôle des naissances

The present paper is based on two local studies concerning Geneva. An attempt is made to measure the progress of birth control, underlining urban/rural differences in fertility regulation strategies, then the appearance of birth control in Geneva is shown to have been concomitant with a rise in fertility, the characteris tics of which are specified. The resulte throw new light on "natural" fertility and lead to an important conclusion : that in a population which does not practise birth control, a form of regulation can nonetheless exist and be effective for controlling fertility. In the present case, a desire to reduce family size through birth spacing is manifest. The population is therefore no longer governed by "natural" fertility in the accepted sensé of the term, although all the usual indices referring to a reproductive behavior dependent on parity indicate the contrary. The example of Geneva also highlights an aspect which is essential for understanding the process of fertility decline : the rise in fertility observed at the time when birth control appears. This is a real increase which cannot be explained only by women abandoning breastfeeding or by a "sex revolution". The interdependence of this rise in fertility and the appearance of birth control is confirmed for both town and country. This seems to indicate that couples who had decided to opt for birth control no longer showed the same caution and restraint towards the risk of pregnancies at close intervals, but as contraception was not yet properly mastered, they were liable to have more children than they wanted.En s'appuyant sur deux études locales touchant Genève, cette communication se propose tout d'abord de mesurer les progrès de la limitation des naissances, en soulignant les tendances divergentes observées à la ville et à la campagne dans les stratégies de contrôle de la fécondité, et de montrer ensuite que la limitation des naissances s'accompagne à Genève également, d'une augmentation de la fécondité dont les modalités sont précisées. Les résultats apportent sur la fécondité "naturelle" un éclairage nouveau, qui aboutit à une conclusion importante, à savoir que dans une population qui ne pratique pas la limitation des naissances, un contrôle peut néanmoins exister, et exercer une régulation efficace de la fécondité. Dans le cas présent, se dégage avec beaucoup d'évidence une volonté de réduire la taille de la famille en espaçant les naissances. Nous ne sommes plus dès lors en régime naturel de fécondité, au sens donné à ce terme, bien que tous les indices habituels se référant à un comportement reproductif dépendant de la parité indiquent le contraire. Le cas de Genève permet aussi de mettre l'accent sur un aspect fondamental pour la compréhension du processus du déclin de fécondité, c'est-à-dire la hausse observée à l'apparition de la limitation des naissances. Hausse réelle, que ne suffit pas à expliquer l'abandon de l'allaitement au sein ou une quelconque "révolution sexuelle". En revanche le caractère de dépendance entre cette augmentation de la fécondité et la limitation des naissances est pleinement confirmé, à la ville comme à la campagne. Il est dès lors assez vraisemblable de penser que les couples qui ont décidé d'opter pour la limitation des naissances ne manifestaient plus la même prudence et la même retenue devant le risque de naissances rapprochées, mais du fait qu'ils maîtrisaient encore mal la contraception, ils se trouvaient exposés à avoir plus d'enfants qu'ils ne le souhaitaient.Perrenoud Alfred. Espacement et arrêt dans le contrôle des naissances. In: Annales de démographie historique, 1988. Les transitions démographiques. pp. 59-78