Marginalité contraceptive et figures du féminin : une expérience de la contraception injectable hormonale en France

Marginal contraception and feminine representations: an experience with injectable hormone contraception in France In France, where the pill and the IUD are used extensively, injectable hormone contraception is more of an exception. What meaning does it have in this context? This article, which draws on data from sociological and epidemiological research undertaken in the suburbs of Paris (1986-1990), examines the experiences of women and prescribing doctors. The medical conception of the method as a « last resort » induces a form of marginality associated with particular representations of the feminine as regards control of fertility. The reproductive trajectories of the users interviewed are less clear-cut than the social categories defined by doctors. For these women in socially and economically underprivileged situations, injectable hormone contraception is a compromise in which the inequalities characterizing social uses of contraception and the tensions between reproductive and contraceptive necessities are revealed.Résumé. En France, dans un contexte d'usage massif de la pilule et du stérilet, la contraception hormonale injectable est très peu répandue, voire reléguée. Quel sens prend alors sa mobilisation ? L'article qui s'appuie sur des données d'une recherche sociologique et épidémiologique menée en banlieue parisienne entre 1986 et 1990 met en regard des expériences de femmes et de médecins prescripteurs. Nous montrerons que la conception médicale de la méthode comme « dernier recours » induit une marginalité associée à des figures féminines particulières au regard de la maîtrise de la fécondité. Les trajectoires reproductives des utilisatrices interviewées renvoient de façon nuancée aux catégorisations sociales élaborées par les médecins. Pour ces femmes en situation économique et sociale défavorisées, la contraception hormonale injectable apparaît alors comme un compromis révélateur des tensions entre la nécessité reproductive et la nécessité contraceptive et des inégalités qui caractérisent les usages sociaux de la contraception.Marginalidad anticonceptiva y figuras de lo femenino: una experiencia de la anticoncepción hormonal inyectable en Francia En Francia, en un contexto de utilización masiva de la pildora y del dispositivo intrauterino, la anticoncepción hormonal inyectable está muy poco difundida y hasta relegada. Por qué existe entonces una movilización en torno a ella ¿ El articulo, basado en datos de una investigación sociológica y epidemiologica realizada en los suburbios parisinos entre 1986 y 1990, analiza simultaneamente experiencias de mujeres y de médicos. Muestra que la concepción médica de este método como « último recurso » está asociada a figuras femeninas a las que no se les atribuye un buen control de la fecundidad. Pero las trayectorias de reproducción de las mujeres entrevistadas son mucho más complejas que las categorizaciones sociales elaboradas por los médicos. Para esas mujeres en situación económica y social desfavorable, la anticoncepción hormonal inyectable se présenta como un compromiso que révéla las tensiones entre la necesidad de reproducción, la necesidad anticonceptiva y las desigualdades que caracterizan a los usos sociales de la anticoncepción.Bretin Hélène. Marginalité contraceptive et figures du féminin : une expérience de la contraception injectable hormonale en France. In: Sciences sociales et santé. Volume 22, n°3, 2004. « Genre et Santé », sous la direction de Doris Bonnet et Geneviève Paicheler. pp. 87-110