Quand dire c’est faire, raconter peut-il être conférer ?

National audienceNombre de chercheurs ont fait le constat d’une présence forte de la forme de la conférence dans les performances actuelles. Le « Weekend Performance » organisé dans le cadre de la 12ème Biennale d’art contemporain de Lyon a réuni huit artistes ou collectifs dont on peut dire que les performances de quatre d’entre eux prenaient la forme de ce que l’on nomme la conférence-performance ou lecture-performance en anglais. Cependant, ces mêmes performances relevaient aussi d’une certaine forme de narration, où les artistes et leurs relais se font les conteurs d’une histoire à transmettre aux auditeurs. Il n’est plus alors du tout question des artist talks ou bien des moments de paroles d’artistes mais bien de l’avènement d’un espace et d’un temps du récit.Pourtant, dans leurs constitutions et leurs définitions respectives, la performance et la conférence semblent être l’antithèse des notions d’histoire, de récit et de narration. Cette communication aura pour but de dépasser les oppositions formelles et de voir comment le cadre de la conférence-performance permet de créer des récits performatifs.Nous reviendrons tout d’abord sur la forme de la conférence-performance qui a toujours été présente au côté de l’art contemporain que ce soit lorsque les artistes expliquent leurs théories artistiques ou cherchent à les mettre en œuvre. La lecture elle-même des manifestes ou des écrits des artistes futuristes ou dadaïstes peuvent être vues comme une de ses premières manifestations. Tracer un bref historique de cette forme nous permettra d’aborder la manière dont peu à peu, une forme innovante au début du XXème siècle devient un des principaux moteurs de revendications/actions des théories développées à partir du milieu du siècle par les artistes-performeurs et dont on peut dire aujourd’hui qu’elle a intégré l’ensemble des éléments novateurs et des revendications pour maintenant soulever de nouvelles questions.Cela nous permettra de souligner les principales caractéristiques de la forme de la performance-conférence et les raisons du recours à cette forme pour réaliser nombre de performance d’hier et d’aujourd’hui. Pour cela, nous nous pencherons plus particulièrement sur les performances présentées dans le cadre de la 12ème Biennale de Lyon avec notamment les artistes Louise Hevré et Chloé Maillet avec Le retour du père, Georgia Sagri avec Dear all, Rana Hamadeh avec The Big Boar et Aalliicceelleessccaannnnee & ssoonniiaaddeerrzzyyppoollsskkii avec Explosant X. Nous pourrons alors étudier plus précisément l’utilisation que ces artistes font du récit, les caractéristiques centrales qui sont utilisées et celles qui sont abandonnées, celles qui font bouger les cadres de la conférence et celles qui jouent avec la définition de la performance. Cela nous amènera à nous interroger sur la capacité de la forme de la conférence à rendre un récit performatif : quand l’exposé se fait action, l’action peut-elle se faire récit