La compulsion à penser. De l'Homme aux Rats à Schreber

Roger Perron, The Compulsion to think. From the "Rat Man" to Schreber. In both of these famous patients of Freud, thought functioning was marked by anxiety of the void, an emptiness from which images and torturing representations could surge up. In such cases, incessant thought processing tries to give meaning to nonsense and to coordinate the anxiety-filled representations. In each of these clinical cases, such activity leads to a thinking compulsion which offers the patient no respite. Nonetheless, there are obvious differences: in the case of obsessional neurosis (the "Rat Man"), the patient knows that his own psychic processes are in play. In the case of paranoia (Schreber), projection functions massively to impute the causes of the phenomena to which he is subjected to external origins, and Schreber goes much further than the "Rat Man" in the search for coherence, even as far as the elaboration of a new world. On the basis of this study, several reflections are suggested which are pertinant to daily clinical practice. Key-words : Compulsion, Obsessional neurosis, Paranoïa, ThoughtChez ces deux patients célèbres de Freud, le fonctionnement de la pensée est marqué par l'angoisse du vide, un vide propice au surgissement d'images et de représentations torturantes ; un incessant travail de pensée tente alors de prêter sens au non-sens et de coordonner ces représentations chargées d'angoisse ; dans l'un et l'autre cas ceci débouche sur une compulsion à penser qui ne laisse au malade aucun répit. Cependant les différences sont évidentes : dans le cas de névrose obsessionnelle (l'Homme aux Rats), le malade sait qu'il s'agit de ses propres processus psychiques ; dans le cas de la paranoïa (Schreber) la projection fonctionne massivement pour imputer à une origine extérieure les causes des phénomènes constatés ; et Schreber va beaucoup plus loin que l'Homme aux Rats dans la recherche de cohérence, jusqu'à élaborer un nouveau monde. Sur la base de cette étude sont suggérées quelques réflexions en prise sur la « clinique quotidienne ». Mots-clés : Compulsion, Névrose obsessionnelle, Paranoïa, Pensée.Roger Perron, La Compulsión a pensar. Del Hombre de las Ratas a Schreber. En estos dos célebres pacientes de Freud, el funcionamiento del pensamiento està marcado por la angustia del vacío, un vacío propicio al surgimiento de imagenes y de representaciones torturantes ; un incesante trabajo de pensamiento trata entonces de dar sentido al sin- sentido y de coordinar estas representaciones cargadas de angustia ; en uno y otro caso, ésto desemboca en una compulsión a pensar que no deja al enfermo ningún reposo. Sin embargo, las diferencias son évidentes : en el caso de la neurosis obsesiva (El Hombre de las Ratas), el enfermo sabe que se trata de sus propios procesos psíquicos ; en el caso de la paranoia (Schreber),la proyección funciona masivamente para imputar a un origen externo las causas de los fenómenos constatados ; y Schreber va mucho más lejos que el Hombre de las Ratas en la búsqueda de coherencia, hasta elaborar un nuevo mundo. Sobre la base de este estudio, se sugieren algunas reflexiones tomadas de la "clínica cotidiana". Palabras-clave : Compulsión, Neurosis obsesiva, Paranoia, Pensamiento.Perron Roger. La compulsion à penser. De l'Homme aux Rats à Schreber. In: Psychologie clinique et projective, vol. 2 n°2, 1996. Processus de pensée. pp. 159-170