Evolution beyond all finalism : Bergson’s critique of evolutionists

Ce travail interroge l’usage du mode de pensée téléologique, que cet usage soit implicite ou explicite, dans la biologie de l’évolution. Il s’agit d’en comprendre les raisons, d’en identifier les limites, et de proposer une conception qui permette de sortir d’un tel modèle. Pour ce faire, nous nous appuyons sur la philosophie de Bergson, un des premiers à dénoncer le finalisme implicite de la théorie de l’évolution. Pour sortir de cette téléologie, Bergson propose de concevoir l’évolution comme un élan vital, concept qui a été généralement considéré comme purement métaphysique, et n’ayant rien à apprendre à la science. A rebours de cette interprétation, nous avons choisi de prendre au sérieux ce concept, en tant qu’il invite à une conversion de nos méthodes scientifiques et à la prise en considération de l’efficace créatrice de la durée qui rend caduque toute conception déterministe/probabiliste, mais aussi téléologique de l’évolution (mécanisme et finalisme apparaissant comme les deux faces d’une même pièce). Nous analyserons d’abord les théories de l’évolution en débat au moment où écrit Bergson ainsi que les fondements de la critique bergsonienne. Nous proposerons ensuite d’étudier conjointement la réception de Bergson et l’évolution de la théorie de l’évolution au cours du XXe siècle. Ce travail nous permettra de mettre en lumière la persistance d’un mode de pensée téléologique malgré un mécanisme réductionniste revendiqué. Enfin, à partir de la philosophie de Bergson, mais en nous appuyant surtout sur les découvertes contemporaines de la biologie de l’évolution et de la philosophie de la biologie, nous développerons une conception de l’évolution par-delà tout finalisme, qui fasse véritablement la place à l’efficace de la durée et la créativité du vivant. Prenant au sérieux l’apparence d’intentionnalité que nous observons dans les phénomènes biologiques, nous en analyserons les causes en mettant au premier plan le rôle évolutionnaire des êtres vivants. Les enjeux de ce travail sont donc à la fois théoriques : interroger nos modèles scientifiques, et éthiques : repenser nos relations interspécifiques, pour penser avec et faire avec les êtres qui partagent notre histoire.This dissertation questions the use of the teleological thinking mode, whether implicit or explicit, in evolutionary biology. The aim is to understand the reasons for it, to identify its limits, and to propose a conception that provides a way out of such a model. To do this, we rely on the philosophy of Bergson, one of the first to denounce the implicit finalism of the theory of evolution. To escape from this teleology, Bergson proposes to conceive of evolution as an élan vital, a concept that has generally been considered as purely metaphysical and having nothing to teach science. In contrast to this interpretation, we have chosen to take this concept seriously, insofar as it invites us to convert our scientific methods and to take into consideration the creative efficiency of duration, which renders obsolete any deterministic/probabilistic, but also teleological conception of evolution (mechanism and finalism appearing as two sides of the same coin). We will first analyse the theories of evolution under debate at the time of Bergson’s writing, as well as the foundations of the Bergsonian critique. We will then propose to study jointly the reception of Bergson and the evolution of the theory of evolution during the 20th century. This work will allow us to highlight the persistence of a teleological thinking despite a claimed reductionist mechanism. Finally, starting from Bergson’s philosophy, but drawing on contemporary discoveries in evolutionary biology and the philosophy of biology, we will develop a conception of evolution that goes beyond finalism and truly embraces the effectiveness of duration and the creativity of living beings. Taking seriously the appearance of intentionality that we observe in biological phenomena, we will analyse its causes by putting the evolutionary role of living beings in the foreground. The stakes of this work are therefore both theoretical: questioning our scientific models, and ethical: rethinking our interspecific relations, in order to think with and do with the beings that share our history