L'Afrique coloniale française et la crise de 1930 : crise structurelle et genèse du Rapport d'ensemble

The 1930 dépression was felt in Africa as a premature and lasting reversal of trends (1928-1935) : commercial straits, the collapse of foreign investment, the banking crisis. Nevertheless, in the strictest sensé the économie reverberations of the Great Depression were relatively attenuated : colonial credit, almost inexistent, hardly suffered. The protectionnist policies operating since 1928 acted as a controlling force on this occasion, in France (the " falling-back " on the Empire) as well as for the colonial firms, who on the whole benefited from an improved exchange rate. In contrast, locally the resuit was a striking économie change in the domain of French imperialism : the condemnation of traditional " trading economy ", amounting to pillage ; the soaring of plantation type agriculture ; the take-over of the basic equipment by the public metropolitan sector, creating the vicious circle between aid and debts. Hence a profound internal social crisis corresponding to the of " unequal trade ", impoverishing rural world, encouraging the migratory influx to the cities, and lastly affirming class différences with, on the one hand, a limited range of well-off autochtones and on the other, the relative deterioration in the fate of the native worker (his gross income going down in relation to that of the French unskilled labourer). On the international scale, the consequence of all this was an accelerated flow of profits towards the metropolitan centre, betraying the emergence of the typical features of contemporary under-development.La crise de 1930 fut ressentie en Afrique par un renversement de tendance précoce et durable (1928-1935) : malaise commercial, effondrement des investissements privés et crise bancaire. Néanmoins, les phénomènes économiques stricto sensu de la crise mondiale furent relativement atténués : le crédit colonial, quasi inexistant, n'eut guère d'incidence. La politique protectionniste mise en place depuis 1928 fonctionna comme un volant régulateur de la conjoncture, aussi bien pour la France (le « repli sur l'empire ») que pour les firmes coloniales, qui bénéficièrent dans l'ensemble d'une amélioration des termes de l'échange. En revanche, le résultat fut, sur place, une mutation économique profonde des ressorts de l'impérialisme français : condamnation de 1' « économie de traite » traditionnelle, proche du pillage ; essor des cultures de plantation ; prise en charge de l'outillage d'infrastructure par le secteur public métropolitain, provoquant la mise en place du cycle infernal de l'aide et de l'endettement. D'où une crise sociale interne profonde correspondant à la mise en place de 1' « échange inégal » : paupérisation des campagnes, amorce de l'afflux migratoire urbain, enfin affirmation d'une différenciation en classes sociales avec, d'une part, une catégorie limitée de « nantis » autochtones et, d'autre part, la détérioration relative du sort des travailleurs indigènes (le « prix réel salarial » s'effondre par rapport au manœuvre français). Le tout aboutit sur le plan international, au reflux accéléré des profits vers le centre métropolitain et révèle l'émergence des traits caractéristiques du sous-développement contemporain.Coquery-Vidrovitch Catherine. L'Afrique coloniale française et la crise de 1930 : crise structurelle et genèse du Rapport d'ensemble. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 63, n°232-233, 3e et 4e trimestres 1976. L'Afrique et la crise de 1930 (1924-1938) sous la direction de Catherine Coquery-Vidrovitch . pp. 386-424