Crise au Maghreb. Remarques de méthode sur la vie rurale de 1929 à 1936

Despite ample documentation, the 1929 dépression still calls for investigations in France as in Maghreb. The crisis takes a different form in each of the three sectors, primary, secondary and tertiary ; given the importance of the rural in Maghreb, we have confined ourselves to the agricultural depression. In this depression, one must contrast the crises in price and production, the crisis affecting Europeans and the one affecting the North Africans ; lastly, the Algerian crisis and the Tunisian or Moroccan ones. Concerning prices, the cereal crisis begins in 1927 ; it seems modelled on the French one, whereas the crisis in Tunisian olive growing does not start until 1931 ; as for breeding, almost nothing is known in that field. In the case of production, each of the three countries reacts differently ; for the North Africans the crisis only concerns negociable surpluses ; it is therefore concerned with the structure of landed property. For the Maghreb farmers the crisis signals a decline in financial and food Fesources, and thereby as of 1934 a manifest unrest in the rural world. Solutions such as Secteur indigène de prévoyance, possible secondary and tertiary sector salaries are of médiocre importance. Moroever, the crisis slows down the advance of European settlement even if it does give rise to centralisation of European property. But while for the Europeans the crisis if of a commercial nature, for the fellahs it takes a more subtle form which afflicts the very framework of Maghreb's agriculture.Malgré l'abondance de documents, l'étude de la crise de 1929 est encore à faire, aussi bien en France qu'au Maghreb. La crise diffère pour chacun des trois secteurs, primaire, secondaire, ter tiaire ; compte tenu de l'importance du monde rural au Maghreb, seule est étudiée la crise agricole. Dans cette crise, il faut distinguer la crise des prix, celle des productions, celle qui touche les Européens et celle qui concerne les Maghrébins ; enfin, celle qui affecte l'Algérie diffère de celle de la Tunisie ou du Maroc. Pour les prix, la crise des céréales vivrières commence en 1927 ; elle semble modelée sur celle qui touche la France dans ce domaine, alors que pour l'oléiculture tunisienne la crise ne commence qu'en 1931 ; pour l'élevage, nous ignorons pour ainsi dire tout de la crise. Pour la production, chacun des trois pays réagit différemment ; la crise n'a de sens pour les Maghrébins qu'en fonction des surplus commercialisables ; elle est donc liée à la structure de la propriété. La crise signifie pour les cultivateurs maghrébins une régression des ressources financières et alimentaires, d'où à partir de 1934 un évident malaise dans le monde rural maghrébin. Les remèdes (Secteur indigène de prévoyance, salaires éventuels des secteurs secondaire et tertiaire) sont de médiocre importance. La crise freine également l'équipement et l'expansion de la colonisation européenne, même si elle engendre une concentration de la propriété européenne. Mais alors que pour les Européens, la crise est de nature commerciale, pour les fellahs, la crise affecte des formes plus nuancées qui touche la structure même de l'agriculture maghrébine.Nouschi André. Crise au Maghreb. Remarques de méthode sur la vie rurale de 1929 à 1936. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 63, n°232-233, 3e et 4e trimestres 1976. L'Afrique et la crise de 1930 (1924-1938) sous la direction de Catherine Coquery-Vidrovitch . pp. 425-440