L'industrie drapière elbeuvienne sous la Révolution : hommes, techniques et produits

By the end of the Ancien Régime, Elbeuf industry presented a picture of contrasting features. Through the impetus given by the government authority, appropriate measures had been taken to relax its regulation so as to facilitate its adaptation to the development of the markets. The beginnings of diversified range of products along with a timid use of machinery became visible. On the other hand, in spite of a general policy infavour of a certain competition, cloth manufacturers still managed to bolt the entry to their trade. The pre-revolutionary crisis which had deeply affected Elbeuf only died down when 1790 orders for cloth from the army gave a boost to its activity that reached its peak with the requisitioning of all the manufactures in 1794. Deprived of that stimulant as early as 1795, the difficulties set in again. The importance of military purchase seems to have resulted in rooting the local cloth trade into the production of plain cloth of average quality, an orientation already under way by the end of the Ancien Régime. In the same way, the abolition of the guilds made the textile trade accessible to new social classes. A dualistic structure of the patronat was set up. On one side, a nucleus of ancient families in possession of the local power. On the other side, a nebula of minor manufacturers whose careers were often short-lived.A la fin de l'Ancien Régime, la manufacture d'Elbeuf présente un visage contrasté. Sous l'impulsion du pouvoir central, la réglementation a été assouplie, permettant ainsi une meilleure adaptation à l'évolution des marchés: Une amorce de diversification de la production est perceptible, de même qu'une timide mécanisation. En revanche, malgré une politique générale favorable à une certaine concurrence, les drapiers verrouillent toujours avec succès l'entrée de la profession. La crise pré-révolutionnaire, durement ressentie à Elbeuf, n'a pris fin qu'avec les commandes de draps pour l'habillement des troupes qui, à partir de 1790, relancent son activité ; celle-ci atteint son maximum lors de la réquisition de l'ensemble des fabriques en 1794. Privée de ce stimulant, la ville retombe dès 1795 dans les difficultés. L'importance des achats militaires semble avoir eu pour conséquence d'ancrer durablement la draperie locale dans la production de draps, unis de qualité moyenne, orientation déjà amorcée à la fin de l'Ancien Régime. Parallèlement, l'abolition des corporations ouvre l'accès du textile à de nouvelles couches sociales. Une structure dualiste du patronat se met en place : d'un côté, un noyau de vieilles familles qui détiennent le pouvoir municipal ; de l'autre, une nébuleuse de petits fabricants aux carrières souvent éphémères.Becchia Alain, Concato Francis, Largesse Pierre. L'industrie drapière elbeuvienne sous la Révolution : hommes, techniques et produits. In: Annales de Bretagne et des pays de l'Ouest. Tome 97, numéro 3, 1990. Les industries textiles dans l'ouest XVIIIe-XXe siècles. pp. 207-225