Theory and practice of populism by the radical left : a comparative analysis of Podemos (2014-2020) and La France insoumise (2012-2020)

L’ambition de cette thèse est d'analyser la pratique et la théorisation du populisme par les partis de gauche radicale à partir d’une analyse comparée entre les cas Podemos (en Espagne) et La France insoumise (en France). La recherche académique a montré qu’après la chute du communisme en Russie et en Europe de l’Est (1989-1991), la gauche radicale européenne a réagi de différentes manières à son propre effondrement. Cette thèse se concentre sur un nouveau type de partis politiques nés de ce déclin : les partis socialistes populistes. Pour ces partis, l’objectif affiché n’est plus de « rassembler la gauche » mais de « fédérer le peuple » contre les élites afin que le peuple retrouve sa souveraineté. Au cours de la dernière décennie, après la « Grande Récession » de 2008, le populisme semble s'être progressivement imposé comme un nouveau modèle pour une partie importante de la gauche radicale européenne qui souhaitait « prendre d'assaut le ciel ». Mais alors que l'étiquette « populiste » a été imposée « par le haut » – par les politistes et les médias de masse – cette thèse cherche également à se pencher sur la revendication, la réflexivité et l'appropriation du populisme par les acteurs politiques impliqués (leaders et militants). Peu d’analyses ont en effet abordé la question de la volonté de ces acteurs politiques, de l'intensité de leur adhésion au populisme, et de leur objectif. Par conséquent, il s’agit pour nous d'expliquer le phénomène populiste en considérant deux dimensions : le mouvement des pratiques (adoption d’un discours populiste) et le mouvement des idées (mobilisation du populisme comme nouvelle référence théorique). La thèse révèle que l'adoption d'un discours populiste par les leaders et les militants de ces partis a été stratégiquement pensée (conquête du pouvoir), en même temps qu’il y a eu une adhésion (partielle) aux idées populistes (changement de paradigme théorique). Les résultats suggèrent que cette évolution pourrait être durable à moyen terme, voire pourrait restructurer la famille de la gauche radicale à long terme.The ambition of this dissertation is to analyse the practice and theorisation of populism by radical left parties based on a comparative analysis between the cases of Podemos (in Spain) and La France insoumise (in France). Academic research has shown that after the fall of communism in Russia and Eastern Europe (1989-1991), the European radical left reacted in different ways to its own collapse. This thesis focuses on a new type of political party that emerged from this decline: populist socialist parties. For these parties, the stated objective is no longer to ‘bring the left together’ but to ‘federate the people’ against the elite in order for the people to regain its popular sovereignty. Over the last decade, following the 2008 Great Recession, populism seems to have progressively imposed itself as a new model for an important part of the European radical left ‘storming heaven’. However, while the ‘populist’ label was imposed ‘from the top’ by political scientists and mass media, this dissertation also seeks to look at the own claim, reflexivity and appropriation of populism by the political actors involved (leaders and activists). Few analyses have addressed the question of the willingness of these political actors, the intensity of their adherence to populism, and their purpose. Therefore, I endeavor to explain the populist phenomenon by considering two dimensions: the movement of practices (adoption of a populist discourse) and the movement of ideas (mobilisation of populism as a new theoretical reference). The dissertation reveals that the adoption of a populist discourse by the leaders and the activists of these parties was strategically thought through (conquest of power), and that there was a partial adherence to populist ideas (theoretical paradigm shift). The results suggest that this evolution could be sustainable in the medium term and could restructure the radical party family in the long run