Les bo des Agoojié/Les amulettes des amazones. Le retour d’un matrimoine oublié ?

Cet article porte sur les « amulettes des amazones » (bo des agoojiée), conservées au musée du quai Branly-Jacques Chirac. Si certaines sont réclamées par le Bénin, elles ne font pas partie des œuvres en cours de restitution. Croisant les sources écrites et orales, ce texte s’articule en deux parties, moments et groupes d’agents :la « récolte » des amulettes en 1890 par Édouard Foà, futur donateur du musée d’Ethnographie du Trocadéro ;le sens de ces choses tels qu’appréhendées par les actuelles reines et amazones (agoojiée) d’Abomey. Loin d’être de simples objets, ces bo sont en effet considérés comme des dieux, des ancêtres porteurs de récits, filiations et savoirs liés aux pouvoirs féminins. Décrire ces bo, veut aussi dire réactiver un matrimoine (Hertz, 2002) peu visible depuis la scène publique, mais fondamental dans la (re)constitution de collectifs et de territoires, hier et aujourd’hui.