L’expérience des discriminations

Longtemps ignorée tant par l'agenda politique que par l'agenda académique, la question des discriminations s'est imposée ces dernières années dans l'espace public français. Sans se substituer pleinement à celle des inégalités sociales, elle infléchit nos conceptions de la justice sociale: il s'agit désormais de rendre la société plus ouverte et plus mobile afin que la diversité des origines, des sexes, des cultures et des identités soit représentée de manière équitable à tous niveaux de la vie sociale (Dubet, 2010). Un tel infléchissement suscite bien de l'embarras, tant la discrimination comme problème public et enjeu démocratique réactive les interrogations sensibles dès les débuts de la République toute à son projet émancipateur : la question religieuse, celle de l'école, celle de l'immigration, celle de la colonisation et de ses stigmates. Cet embarras sera exploré à partir de l'enquête publiée dans Pourquoi moi? L'expérience des discriminations (Seuil, 2013) et d'une recherche en cours. Après un exposé des partis pris méthodologiques, il s'agira de montrer l'écart entre l'expérience subjective de la discrimination et les réponses démocratiques politiques et associatives qui lui sont apportées