Constructing the invisible : convergences and analogies between the visual arts and the experimental sciences

Il est généralement admis de considérer l’art et la science comme deux domaines nettement séparés dans leur méthode de production des images et dans leur apport de connaissance spécifique. Il est ainsi apparu pertinent de repérer les convergences et les analogies qui peuvent conduire à des points de contact notamment dans le domaine de l’invisible, où il est moins aisé d’élaborer des modèles scientifiques aptes à visualiser la forme réelle des objets étudiés. Les théories se fondant sur la ressemblance (de la source par rapport à la cible), dans les arts visuels aussi bien que dans les sciences expérimentales, ne semblent pas pouvoir rendre compte de la complexité de la représentation et de sa fonction référentielle (Goodman). D’autres conceptions, comme celle de Hughes et celle de Suarez, sont proposées car elles permettent de réunir les deux domaines sous un même mode de fonctionnement de l’image qui se base sur la théorie inférentielle. Les caractéristiques essentielles qui déterminent l’image scientifique, telles que l’abstraction et l’idéalisation (Chakravartty), sont comparées aux traits distinctifs de l’image artistique en suggérant l’idée qu’il y a convergence vers un même principe régulateur de sélection et d’organisation des données visuelles ou informationnelles. Pour confirmer qu’il peut exister une étroite corrélation entre art et science, il est apparu nécessaire de trouver un modèle scientifique qui possède une origine artistique. La genèse d’un des modèles couramment utilisés dans le domaine de la microbiologie a été reconstituée en montrant que son origine artistique a contribué de manière déterminante à la codification des données instrumentales afin de permettre la visualisation des protéines (modèle en ruban). Alors que l’image scientifique vise un idéal d’objectivité et de neutralité, elle est néanmoins soumise à un processus d’esthétisation qui se retrouve dans les revues de vulgarisation scientifique, dans les concours de photographie allant jusqu’à inclure la diffusion d’images des agences spatiales comme l’ESA et la NASA. L’idéal de beauté qui émerge est relié à la notion de merveilleux, notamment pour la micrographie, et au concept de sublime pour l’image astronomique. De surcroît, deux artistes sont convoqués pour témoigner de l’intérêt du milieu artistique pour la science et révèlent deux approches opposées : Corbasson adopte une interprétation libre des images et des notions scientifiques pour composer ses œuvres, alors que Taverna produit des compositions picturales qui mettent en images les concepts scientifiques et qui ont pour ambition de répondre aux questionnements de la science.It is generally accepted to consider art and science as two distinctly separate fields in their method of image production and their contribution of specific knowledge. It thus appeared relevant to identify convergences and analogies that can lead to commonalities, especially in the field of the invisible, where it is more difficult to develop scientific models able to visualize the real shape of the objects being examined. Theories based on similarity (of the source to the target), in the visual arts as well as in the experimental sciences, do not seem to be able to explain the complexity of representation and its referential function (Goodman). Other conceptions, such as those of Hughes and Suarez, are proposed because they allow the two fields to be united under the same mode of functioning of the image based on inferential theory. The conventions that determine the scientific image, like abstraction and idealization (Chakravartty), are compared to the distinctive features of the artistic image by suggesting the idea that there is convergence towards the same regulatory principle of selection and organization of visual or informational data. To confirm that there can be a close correlation between art and science, it appeared necessary to find a scientific model that has an artistic origin. The genesis of one of the models commonly used in the field of microbiology has been reconstituted by showing that its artistic origin has contributed in a decisive way to the codification of instrumental data in order to allow the visualization of proteins (ribbon model). While the scientific image aims at an ideal of objectivity and neutrality, it is nevertheless subject to a process of aesthetization that can be found in popular science journals, in photography competitions and in the publication of images from space agencies such as ESA and NASA to render the images more attractive. The ideal of beauty that emerges is linked to the notion of the marvelous, especially for micrography, and to the concept of the sublime for astronomical images. Moreover, two artists are summoned to show the artistic community's interest in science and reveal two opposing approaches: Corbasson adopts a free interpretation of images and scientific concepts to compose his works, while Taverna produces pictorial compositions which depict scientific concepts and which aim to answer the questions of science