Sans les forces sociales qui les portent, les idées ne sont rien. Elles demeurent en réserve, sous des formes diverses, accumulant les énonciations et les investissements variés dont elles ont fait l’objet historiquement. Ces montages anciens, toujours disponibles, sont sollicités et réactivés par des groupes sociaux qui y voient un intérêt à le faire. La « complographie », qu’évoque Eva Soteras dès l’entame de son ouvrage, la dénonciation systématique du complot, le discours conspirationniste, apparaît comme une co-production entre idées et acteurs sociaux. Le conspirationnisme contemporain est ainsi produit par des forces sociales identifiables qui en font un levier pour exister politiquement. Contrairement aux rumeurs, par exemple, qui s...