Les migrants ou peut-on analyser l’autre langue ?

Can one analyse “the other language” of the migrants ? Among the various questions begged by the analysis of migrants, one may wonder what sort of psychic reality underlies this access to “ the other language ” and what are the changes involved in the interpretative technique. One may suggest that such recourse to the “ other language” is a defense mechanism against matricide - in the double meaning of “projection” and projective identification - just as it allows a new personality to be built. The numerous difficulties which face the psychoanalyst do not preclude analysis. The analyst must invest his / her whole personality in the imaginary of the patient, half way between the language of “inclusion” and the language of “exclusion” , halfway between knowing and not knowing too much.Parmi les questions que pose l’analyse des patients migrants, on peut se demander quelle réalité psychique recouvre cet accès à l’«autre langue», en l’occurrence le français, et quelles modifications de l’écoute et de la technique interprétative s’imposent face à eux. On peut faire l’hypothèse que le recours à «l’autre langue» est une défense contre le matricide - au double sens de projection et d’identification projective -, en même temps qu’il permet la construction d’une nouvelle personnalité. Les nombreux écueils auquel doit faire face l’analyste n’empêchent pas le travail analytique. C’est sa personnalité totale que l’analyste doit impliquer dans l’imaginaire du patient, entre langue d’inclusion («l’autre langue») et langue d’exclusion (la maternelle), entre vouloir savoir et ne pas en savoir trop.Kristeva Julia. Les migrants ou peut-on analyser l’autre langue ?. In: Cahiers Charles V, n°27, décembre 1999. La langue maternelle. pp. 127-140