Dans la Lettre sur les aveugles, Diderot adopte, pour l’essentiel, la théorie de la vision de Berkeley et déplace la question de l’origine de nos connaissances sur un autre terrain : il ne s’agit pas seulement de savoir comment nous acquérons nos idées mais surtout dans quelle mesure celles-ci nous renseignent sur la réalité. Nos sensations ne reproduisent pas en nous les objets du dehors, mais nous envoient des signes plus ou moins abstraits qui reproduisent ces objets : des points palpables pour les aveugles, des points visibles et colorés pour les clairvoyants. Par conséquent, la connaissance et le savoir humains sont le produit d’une interprétation de ces signes. La réalité objective, en fin de compte, est inaccessible à notre connaissa...