The mean, nature, and self-realization European translations of the Zhongyong

Le Zhongyong, qui a une importance intrinsèque dans l’histoire de la pensée spéculative chinoise, occupe un rôle central dans l’histoire des échanges intellectuels entre la Chine et l’Occident. Ce texte ne présente pas de grandes difficultés philologiques. La question qui se pose est celle de la valeur interprétative des équivalences de termes qui semblent s’imposer trop facilement.Les nombreuses traductions en langues européennes (latin et français du xvie au xviiie siècle ; anglais, français, allemand, russe au xixe siècle ; essentiellement anglais ces dernières décennies) offrent tout l’éventail des stratégies possibles.Sont examinés successivement les trois mots zhong, xing, et cheng. La traduction de zhong par « milieu » ne semble pas choquante si l’on donne à ce terme la valeur attachée à la notion aristotélicienne de meson telle qu’elle est exposée dans l’Éthique à Nicomaque.Le parallélisme étymologique qui suggérerait de traduire xing par « nature » (les deux mots sont dérivés de « naître ») serait un argument insuffisant face à l’objection des sinologues selon qui la notion de « nature créée » est étrangère à la cosmologie confucéenne, non théiste. Cependant une analyse textuelle des occurrences de xing dans le Zhongyong montre qu’il ne faut pas simplifier excessivement les spéculations cosmologiques chinoises primitives. Les premiers traducteurs du Zhongyong, nourris de pensées médiévales et de la Renaissance, avaient associé xing à « raison naturelle ». Puis étaient intervenus les débats sur « les lois de la nature ». En définitive, la traduction de xing par « nature » semble la plus acceptable.L’usage de traduire cheng par « sincérité », valeur que ce mot a en chinois contemporain, ne semble pas justifié. Les différentes occurrences du terme dans le Zhongyong manifestent tout un jeu grammatical. Cheng ne renvoie pas dans ce texte aux notions de vérité ou de sincérité mais décrit un processus de culture morale par lequel l’homme rivalise avec la centralité spontanée attribuée au Ciel et aux schémas immanents de l’univers naturel