L’article présente, à travers l’exemple de plusieurs mouvements religieux qui sont apparus depuis l’époque Meiji (1868-1912), le rôle qu’ont joué les récits apocryphes dans les revendications identitaires et les visions du monde que ces nouvelles religions ont proposées à leurs disciples, à un moment où l’État japonais combattait les croyances et pratiques religieuses traditionnelles considérées comme autant de barrières à l’« ouverture à la civilisation » (bunmei kaika). Face à ces religions d’essence millénariste, l’État oppose une spiritualité nouvelle centrée autour de la figure de l’Empereur, représentant sur terre de la divinité ancestrale Amaterasu Ômikami. Les écrits apocryphes alimentent de fait une tension permanente entre la créa...