Comme Pontus de Tyard qui intitule son premier recueil de sonnets Les Erreurs amoureuses, les auteurs de poésie amoureuse des années 1550 signalent dès le seuil de leur livre leur filiation avec le giovenile errore du Canzoniere de Pétrarque. Toutefois, ils diminuent la dimension morale de la faute, écartant la nécessité d’un repentir et d’une rédemption religieuse. Au cœur d’une poésie qui fait converger pétrarquisme et mystique néoplatonicienne dans la quête d’une dame devenue la représentation de la Beauté, le mot « erreur » renvoie à un parcours poétique incertain et chaotique. La dame devient un objet fantasmatique dont la poursuite emblématise l’errance de l’imagination et de l’invention poétique. Elle s’apparente alternativement à un...