William Golding et la résurrection des horizons numineux

Cet article revient d’abord sur l’histoire du numineux, concept lié à une certaine vision du sacré comme mode d’apparition du Tout-Autre, terrifiante et fascinante. Si le déclin annoncé du numineux dans la pensée d’après-guerre a pour contrepartie sa « résurrection » dans le discours de fiction, chez William Golding ce discours marque une défiance nette envers la capacité du langage à représenter le face-à-face entre humain et divin, défiance elle-même héritée du discours biblique. Le détour par le pastiche, l’humour provocateur et le travestissement thématique sont alors nécessaires pour que l’œuvre génère un nouveau langage, où les signes chargés d’exprimer la confrontation du sujet à l’Autre constituent un horizon paradoxal et non plus un ancrage dans le sens.This article first examines the history of the word ‘numinous’ as a concept relating the sacred to the emergence of an Absolutely Other, an experience both terrifying and fascinating. While the numinous is due to decline in post-war philosophical discourses, William Golding’s novels testify to its persistence as a focus in the discourse of fiction. Yet Golding shows a strong defiance when it comes to visualizing the encounter between man and the divine—a defiance in fact inherited from Biblical sources. His writing thus exploits pastiche, provocative humour and thematic reevaluation as means of distanciation towards set models of discourse. In parallel, it generates a new language in which the signs expressing the confrontation between subject and Other build up a paradoxical horizon instead of letting the discourse of fiction anchor them in meaning