Migrants, exilés, minoritaires, se déplacent rarement au hasard, même dans la violence de l’histoire : ils utilisent des itinéraires pratiqués de longue date par ceux qui les ont précédés, et qui offrent un élément minimal de repérage et d’habitude dans un monde soumis à la perte et au chaos. Dans l’Europe médiévale et moderne sillonnée par les juifs comme dans celle, actuelle, des sans-papiers en provenance d’Afrique ou d’Asie, hommes et femmes circulent le long des mêmes routes, y compris maritimes, avec des itinéraires, des horaires, des adresses, des hôtes, des intermédiaires, des passeurs. Au moment où les Huguenots quittent la France pour la Suisse ou l’Angleterre, en 1685, beaucoup sont munis de ce qu’ils appellent des « routes » (un...