La santé du dromadaire : une contrainte majeure de l'élevage camelin dans les zones arides

Le dromadaire est une espèce réputée pour sa capacité à valoriser les espaces pastoraux des zones arides et semi-arides. Le développement de l'élevage du dromadaire dans les zones pastorales passe à l'évidence par une meilleure maîtrise de sa santé. Caractérisé par une gestation longue (12 mois), une maturité sexuelle tardive (4-5 ans), des performances de reproduction faible (fécondité souvent inférieure à 50%) définissant un intervalle entre mises bas souvent supérieur à 2 ans, et un taux de survie rarement supérieur à 70% dans la classe 0-1 an, le dromadaire conduit l'activité d'élevage qui lui est consacrée à être risquée pour l'éleveur si l'effectif de son troupeau est faible. Un statut sanitaire acceptable est le premier facteur de pérennisation des systèmes d'élevage camelins en zone pastorale. De ce point de vue, il importe de s'appuyer aussi bien sur l'éleveur que sur les services sanitaires et techniques de proximité tels que ceux qui existent dans les régions semi-arides concernées. En effet dans les environnements primaires dans lesquels son élevage extensif est conduit, de nombreuses contraintes de type sanitaire (y compris des pertes de fertilité d'étiologie multifactorielle) maintiennent la productivité de cette espèce à son niveau le plus bas exprimant alors un minimum de son potentiel génétique et ce malgré le savoir-faire traditionnel des éleveurs en matière de prévention. Le dromadaire animal adapté à la production en zones arides dispose de particularités anatomiques et physiologiques qui peuvent partiellement participer à la mise en oeuvre du processus pathologique et à la forme de son expression symptomatique. Il paraît prudent de rappeler ici que le comportement adaptatif de cette espèce entraîne aussi des particularités dans le domaine de la pharmacologie et en particulier du métabolisme des molécules utilisées pour la lutte contre les maladies, ainsi que dans la prise en compte des signes de la maladie. Ainsi il est connu que le signe de la fièvre ne correspond à aucune réalité chez le dromadaire dont la température corporelle peut varier de 8°C dans une même journée afin de lutter contre la chaleur. De même les particularités immunologiques de cette espèce commencent à être étudiées (notamment les chaînes des immunoglobulines) et révèlent d'importantes différences avec les autres mammifères, ce qui doit entraîner une certaine prudence dans l'usage des vaccins et des kits de diagnostic de maladies utilisés et testés sur d'autres espèces animales, ainsi que dans la connaissance de la forme de la réaction de défense dans cette espèce. La comparaison et l'usage de références pharmacocinétiques utilisées pour d'autres espèces animales (bovins notamment) restent ainsi dangereuses car bien souvent peu adaptées. Des travaux importants restent à faire dans ce domaine par les laboratoires et services de recherche. Sur le plan sémiologique, le dromadaire présente souvent une symptomatologie frustre et le diagnostic n'est pas toujours aisé. De nombreuses observations résument l'expression clinique du dromadaire par une simple phrase: l'animal se couche et meurt sans signes annonciateurs avec une facilité déconcertante. S'il fallait décrire les 7 troubles sanitaires prépondérants chez le dromadaire on pourrait citer la trypanosomose, la gale, les parasitoses internes, la variole caméline, la diarrhée du jeune, les abcès cutanés et la pathologie respiratoire, cette hiérarchie pouvant varier d'une région à l'autre ou d'un système de production à l'autre. Sur le plan étiologique, il n'y a aucune originalité à attendre: le dromadaire est globalement sensible, aux mêmes types d'agents pathogènes que les autres ruminants mais avec cependant des spécialités qui seront à souligner. (Résumé d'auteur