Chapitre 10 – Sur- et sous-exploitation des eaux souterraines : quelle régulation ?

Putting an end to a long period of laisser-faire, measures were taken in 2001 to regulate and limit the use of underground water in the study area. These measures followed an evaluation of the irrigation carried out by the World Bank. They are based on the hypothesis of a generalised over-exploitation of underground water in the cultivated arid margins. The studies carried out within the research program resulted in a noticeably different diagnosis. First of all it is necessary to distinguish the exploitation of water tables from that of the deep aquifer for which the refill and the use are not comparable. For the water tables, the volume of water used is generally less than the refill. The situation is however variable according to the village. In most cases, the water is exploited very little or not at all, and in less than 10% of the villages is the exploitation higher than the estimated average refill. The measures taken to limit the use of subterranean water will obviously have little effect in the villages which intensively exploit the water tables, but they will be highly disadvantageous for the farmers in villages where the water is little exploited or where it is used most efficiently.Mettant fin à une longue période de laisser-faire, des mesures ont été prises en 2001 pour réguler et limiter l'exploitation des eaux souterraines dans la zone d'étude. Ces mesures font suite à une évaluation de l'irrigation menée par la Banque mondiale. Elles se fondent sur l'hypothèse d'une surexploitation généralisée des eaux souterraines dans les marges arides cultivées. Les études effectuées dans le cadre du programme de recherche aboutissent à un diagnostic sensiblement différent. Il est en premier lieu nécessaire de distinguer l'exploitation des nappes phréatiques de celle de l'aquifère profond dont la recharge et l'utilisation ne sont pas comparables. Pour ce qui concerne les nappes phréatiques, le volume d'eau utilisée est globalement inférieur à la recharge. La situation est toutefois très variable selon les villages. Dans la majorité des cas, l'eau n'est pas ou n'est que très peu exploitée et, dans moins de 10 % des villages, l'exploitation est supérieure à la recharge moyenne estimée. Les mesures prises pour limiter l'exploitation des eaux souterraines auront vraisemblablement peu d'effet dans les villages exploitant intensément les nappes phréatiques, par contre elles seront très pénalisantes pour les agriculteurs des villages où l'eau est peu exploitée et où elle est utilisée le plus efficacement.Jaubert Ronald, al-Dbiyat Mohamed, Zwahlen François, el-Hamwi Karim. Chapitre 10 – Sur- et sous-exploitation des eaux souterraines : quelle régulation ?. In: Les marges arides du Croissant fertile. Peuplements, exploitation et contrôle des ressources en Syrie du Nord. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 2006. pp. 189-202. (Travaux de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée, 43