« Style de traduction ». Les traductions celtiques de textes historiques

In the Brythonic world history was conceived on a Latin model, as it may be shown by studying three terms for « historical tract », brut, ystoria and armes. The legendary history of Britain takes its starting-point in a character of the Aeneid, Brutus : whence the word brut. The Latin borrowing ystoria is also applied to indigenous tales and Arthurian romances, provided these are in written form. Medieval history also overflows into prophecies, which try to understand the meaning of recent events (cf. Orosius). The same word armes (from Low Latin ormesta) is thus applied to Orosius' history, to Gildas' diatribes or to the political prophecies of Arymes Prydein. Irish translations of Latin texts are known to be much freer than the Welsh ones. But this freedom is used for imitating the native epic. The subdivisions of « The Civil War » (In Cath Catharda), an adaptation of Lucan's poem, are rather close to those of Tain bo Cuailnge (Vs1 Version). Subtitles point to the same division between « introductory narratives » and the « the proper narrative ». A third example of this division is cited, taken from an unedited apocryphal text, « The Vengeance of Christ's Blood ». As an appendix, the beginning of the Irish translation of the Historia Brittonum by the so-called Nennius is examined.Dans le monde brittonique, l'histoire a été conçue sur le modèle latin, comme le montre l'étude des trois termes désignant un « traité historique », brut, ystoria et armes. L'histoire légendaire des Bretons a pris pour point de départ un personnage de l'Enéide, Brutus, d'où le nom de brut. L'emprunt latin ystoria, s'applique aussi aux contes indigènes et aux romans arthuriens, sitôt qu'il s'agit de textes écrits. L'histoire médiévale débouche aussi sur la prophétie, qui tente de dégager le sens des événements (cf. Orose). Et c'est donc le même mot, armes (du bas-latin ormesta) qui désigne l'histoire d'Orose, les diatribes de Gildas, ou les prophéties politiques de l'Arymes Prydein. On sait que les traductions irlandaises de textes latins sont beaucoup plus libres que les traductions galloises. Mais cette liberté est employée à imiter les épopées indigènes. C'est ainsi que les divisions de « La Guerre Civile » (In Cath Catharda), adaptation de la Pharsale de Lucain, sont assez proches des divisions de la Táin bó Cuailnge Ira version. Les sous- titres indiquent la même division entre « récits introducteurs » d'une part, et « l'histoire proprement dite » d'autre part. Nous produisons un troisième exemple de cette division, tiré d'un texte apocryphe inédit, la « Vengeance du Sang du Christ ». En appendice, étude du début de la traduction irlandaise de l'Historia Brittonum attribuée à « Nennius ».Lambert Pierre-Yves. « Style de traduction ». Les traductions celtiques de textes historiques. In: Revue d'histoire des textes, bulletin n°24 (1994), 1994. pp. 375-391