Slave Trade, Commercial Organization and Industrial Growth in Eighteenth-Century Nantes

The slave trade was one of the important motors of economic concentration in the eighteenth century. One thesis would even have it that, in England, this commerce was closely tied to the Industrial Revolution. Gaston Martin has suggested a similar pattern in the case of Nantes, the first slave-trading port of France, around which a true industrial revolution is supposed to have taken place, thanks to the armateurs' economic concentration. Hence, the case of Nantes may reveal something about French economie transformation and its limits in the eighteenth century. Such a concentration, based on a rational organization of commerce, took place within Nantes' slave-trading oligarchy between 1730 and 1755. There, unlike in other ports, the effect of this concentration was not dissipated through heavy non-commercial investments. Rather, accumulated capital was used to expand the trade's impact, especially through investments in local industries (mostly textiles), the character of which was remarkably modem (quantity replaced quality ; a modem financial structure was adopted ; labor problems and competition arose). However, the Seven Years' War interrupted the Atlantic trade. Nantes, over-specialized, suffered more than other ports. Traditional investments having regained their the postwar period saw the old slave-trading families replaced by more cautious and less specialized armateurs. Furthermore, the era being characterized by lower profits, less risk capital was available to industry. The port's industrial growth was stopped and modernization not pursued. Thus, the Seven Years' War is a turning point for Nantes' economy. The fragility and isolation of the latter may be fundamental causes of the city's failure to industrialize, but these weaknesses had been overcome earlier. Therefore, the French fleet's powerlessness to protect the merchant navy was an important factor in the French eighteenth-century failure to keep up with England in the industrial realm.La traite fut l'un des moteurs importants de la concentration économique au XVIIIe siècle. Une thèse voudrait même qu'en Angleterre elle ait été intimement liée à l'essor industriel. Gaston Martin a suggéré des liens semblables dans le cas de Nantes, le premier port négrier français, autour duquel, grâce à la concentration économique des armateurs, aurait eu lieu une véritable révolution industrielle. Le cas de Nantes pourrait donc révéler certains indices sur la transformation de l'économie française et ses limites au XVIIIe siècle. L'auteur démontre qu'une telle concentration, basée sur l'organisation rationnelle du commerce, s'est produite au sein de l'oligarchie négrière nantaise entre 1730 et 1755. A Nantes, au contraire des autres ports, l'effet de cette concentration n'a pas été dissipé dans de larges investissements extra- commerciaux. Les capitaux accumulés ont été utilisés de préférence pour élargir l'impact de la traite, en particulier par des investissements dans une industrie locale, surtout textile, dont les caractéristiques sont étrangement modernes : la quantité remplace la qualité ; une organisation financière moderne est adoptée ; des problèmes ouvriers et la compétition apparaissent. Cependant, la Guerre de Sept ans interrompit le commerce atlantique. Nantes, trop spécialisée, souffrit plus que les autres ports. Les investissements traditionnels ayant repris leur attrait, l'après-guerre vit les anciennes familles négrières remplacées par des armateurs plus timides et moins spécialisés. De plus, les bénéfices réduits caractérisant l'après-guerre ne permirent plus l'accumulation capitaliste sur laquelle l'industrie avait été basée. L'essor industriel fut donc détruit et les débuts de modernisation n'eurent pas de suites à Nantes. La Guerre de Sept ans est un tournant dans l'économie nantaise. Si la fragilité et l'isolement de cette économie sont les causes fondamentales de l'insuccès de la révolution industrielle à Nantes, il n'en est pas moins vrai que ces faiblesses avaient été surmontées dans la période précédente. L'impuissance de la flotte française à protéger la marine marchande fut donc un facteur important du retard industriel que prit la France sur l'Angleterre au XVIIIe siècle.Boulle Pierre H. Slave Trade, Commercial Organization and Industrial Growth in Eighteenth-Century Nantes. In: Revue française d'histoire d'outre-mer, tome 59, n°214, 1er trimestre 1972. pp. 70-112