Natures urbaines : l’agriculture au coeur des métropoles? Introduction du dossier Demeter : Nature et Agriculture pour la Ville : Les nouveaux désirs des citadins s’imposent

95 % des Français vivent aujourd’hui sous l’influence des villes, c’est-à-dire dans de grandes aires urbaines. Les relations qu’ils entretiennent avec la campagne, la nature et, plus encore, l’agriculture restent une énigme pour la profession agricole. De plus, l’ignorance est souvent réciproque car les agriculteurs connaissent mal les idées et les attentes de ces citadins, consommateurs de produits et d’imaginaire agricoles. Ceux-ci manifestent pourtant un engouement croissant pour la nature et les problématiques agricoles. Leur passion prend certes des formes variées (vente directe, amap, jardins partagés, création de trames vertes ou d’éco-quartiers, politiques de verdissement), mais elles prouvent la prise en compte nouvelle et affirmée de dimensions agricoles et de nature dans les schémas de développement et les politiques d’urbanisme. Caprices de bobo ? Au-delà des outrances et des invectives, le dossier fait le point sur ce tripode nature – agriculture – ville et analyse leurs relations afin de déterminer dans quelle mesure les évolutions en cours sont porteuses de nouveaux futurs pour l’agriculture et les agriculteurs, comme pour l’agrément et l’alimentation des populations urbaines. Il met au clair des notions et des initiatives privées, publiques ou associatives afin de faire avancer la compréhension de phénomènes qui marquent nos sociétés en mutation. Aujourd’hui, le couple rural – urbain ou ville – campagne, porté par des politiques qui visaient à séparer et identifier les espaces et donc les aides ou les cibles de l’action publique, est mis en péril par la montée de l’urbain et de ses déclinaisons. La notion de nature s’impose à la fois dans les agendas des politiques et dans les revendications des habitants des villes – au risque d’une indifférenciation des catégories de nature et d’agriculture. Le phénomène mérite attention car de nouvelles formes d’organisation voient le jour et parce que la place de l’agriculture, ainsi que le rôle joué par la profession agricole sont dans ce cadre fortement interrogés