Jeux de reprises et de relais. Comment faire passer la “convivialité” dans un centre psychiatrique qui déménage ?

Cette enquête a pour objet un bâtiment. Elle part d’une situation stable – un centre psychiatrique situé dans une maison d’habitation – et la suit durant une période de perturbation : son déménagement dans une nouvelle construction. Elle s’intéresse à un élément mis en risque lors de ce passage : « la convivialité». Celle-ci n’est pas abordée à une échelle sociétale, mais plutôt à travers des aménagements physiques et des objets matériels par lesquels elle se pratique. À partir d’une distinction entre les notions de reprises (de faits quotidiens dans l’habitat) et de relais (à transmettre à des interlocuteurs extérieurs), cette enquête pose la question des moyens par lesquels faire passer les valeurs de cette convivialité concrète. Cette enquête se déploie en deux temps. Elle s’intéresse d’abord à la pratique de soin particulière à ce centre, aux reprises par lesquelles celle-ci s’inscrit dans les aménagements du lieu et dans les manières de l’habiter. Elle relève aussi l’armature institutionnelle par laquelle ce lieu de soin peut être rendu habitable pour ses occupants. Ensuite, elle se focalise sur trois visages qu’aura pris la convivialité à l’épreuve du déménagement. En dressant le portrait concret de leur mise en risque, il s’agit à nouveau de poser la question du retour à l’expérience : comment ces qualifications peuvent-elles être relayées pendant la période de perturbation engendrée par l'entrée dans la nouvelle construction ? Cette enquête vise à dégager, par ces jeux de reprises et de relais, les obligations empiriques de la convivialité. Si elle est mise en œuvre dans une pratique thérapeutique [MET], ces obligations montrent que la convivialité vit essentiellement sur les ressorts de l’attachement [ATT]. Les objets les plus assurés comme les plus fragilisés lors du déménagement attirent l’attention sur la co-formation de goûts et d’intérêts par des personnes et des choses, sur le déploiement de rapports sensibles entre celles-ci, et sur la place qui leur est donnée dans le dispositif de soin