Je propose dans cet article de relire une scène canonique des Enfants terribles de Jean Cocteau, un roman au riche réseau intertextuel dont on a reconnu déjà (depuis sa parution, chez Grasset, en 1929) les nombreux emprunts au mythe, à la tragédie et à la poésie. Je montre ainsi que la scène où Élisabeth gave son frère endormi avec des écrevisses n’est pas à interpréter seulement par rapport à une symbolique du rêve, mais également par rapport aux interdictions du Lévitique, qui circonscrivent de manière très imagée les oppositions du pur et de l’impur. En faisant intervenir la théorie de Julia Kristeva sur l’abject, qui se réfère aux travaux anthropologiques de Mary Douglas sur la souillure, je suggère que cette scène centrale des Enfants ...