Corps et temporalité dans l’expérience du handicap physique. Dialogue avec Marcel Nuss

National audienceLes personnes atteintes par la dépendance, notamment physique, renvoient des Limages de lenteur, d’impouvoir, de limitation. Mais au-delà de cette apparence, il convient de s’interroger sur le style temporel propre à chacun, sur le dynamisme psychique qui ne cadre pas toujours avec le rythme ralenti ou l’immobilité du corps visible, mais en revanche s’exprime dans le vécu du corps et dans l’image inconsciente du corps. Nous verrons comment l’expérience originale du corps atteint par le handicap peut permettre de développer une autonomie particulière dans le rapport à soi et à la sensorialité, sans condamner le rapport à l’avenir et à ses possibles, l’attention au temps de la présence et à sa qualité particulière, le rapport au temps passé et à sa réécriture par le récit. Ces différentes modalités du temps peuvent aider à échapper au temps fermé de la répétition et de la quotidienneté, particulièrement pesant en situation de handicap physique. D’autres rapports au temps et au corps se dessinent dans ce champ que nous avons co-étudié avec Marcel Nuss, atteint par le handicap depuis sa naissance, du fait d’une amyotrophie spinale infantile de type II. Ce travail ne concernait pas que son vécu du corps et du temps, mais le nôtre, dans une dimension de réciprocité fondamentale à notre sens sur le plan éthique et spéculatif. Il nous a permis entre autres considérations de relativiser l’importance de critères sociaux de disqualification des individus porteurs du handicap