L'image comme archive chez Derek Jarman: Entre cinéma et peinture, une poétique de l'effacement

International audienceIn the Shadow of the Sun se définit avant tout comme un film en work in progress, et à la temporalité éclatée dans la filmographie de Derek Jarman. Les images proviennent d’une série de films antérieurs intitulés The Art of Mirrors et réalisés à Londres entre 1970 et 1974. Le film trouve sa forme définitive au bout d’un processus filmique assez long, qui implique un traitement de l’image relativement complexe : colorisation sur pellicule, manipulation du temps (au tournage et à la projection) et surimpressions entre les différentes sources visuelles utilisées. Ces différents éléments construisent un found footage original, qui implique la reprise et le recyclage d’images préexistantes tournées par l’auteur lui-même : ces homes movies – pour reprendre la dénomination de l’artiste – sont filmés sur différentes périodes temporelles puis réutilisés ultérieurement ce qui donne le statut d’archive à ces images. Devant la réutilisation de son propre matériel et la présence d’images qui fonctionnent comme des rimes visuelles, comment pouvons-nous envisager ce film ? Nous analyserons en premier lieu les motifs figuratifs, puis nous dégagerons certaines hypothèses de lecture quant au statut « d’image-archive » créee par le cinéaste. Peut-on voir dans ce parcours d’images, un imaginaire de formes symboliques telle une mosaïque de citations ? Cette collection d’images s’inscrit dans la réflexion suivante : mettre au jour la tension dans des images citationnelles confrontées à un dispositif, qui se refuse à porter la signification. Une image qui se veut évanescente, tout en déliquescence et effacement