Une guérison d’ampleur nationale: Le cas de maladie à virus Ebola au Sénégal

The West African Ebola epidemic has focused concerns in the field of global health in 2014 due to the exceptional lethality of this virus. In Senegal, the diagnosis of MVE in a person from Guinea has inferred an outbreak, according to WHO definition, resulting in a crisis situation (collective anxiety and mobilization of institutions) until the patient was cured and in the absence of further contamination among the persons who had been in contact with him. Like his illness, the healing of "patient zero" was highly publicized. However, the disappearance of symptoms and the negativity of his virological test were not at the forefront. The media and health authorities closely articulated patient's individual healing to the collective aspects of the outbreak. An analysis inspired by Hewlett, who showed how societies produce narratives about epidemics, reveals that the narrative - or social construction - of this interconnection involved three levels. Epidemiologically, the patient healing coincided with the end of the risk period for the contacts. In terms of representations of the response, the organization of the patient's return to his country of origin immediately after the announcement of his bioclinic healing enabled "to cure the social body" of Senegal by reviving the notion of "imported case." On the moral level, the media portrayed the redemption of the patient asking for forgiveness for the risk he had introduced into the country, thereby highlighting the Senegalese hospitality with an identity value (teranga), which partly erased the reactions adverse to Guineans considered as vectors of risk. The chapter analyzes the social mechanisms that have produced this transposition of individual healing on a collective scale, into facts and narrative.L’épidémie ouest-africaine à virus Ebola a concentré les préoccupations dans le champ de la santé globale en 2014 du fait de la dangerosité exceptionnelle de ce virus. Au Sénégal, le diagnostic de MVE chez une personne venue de Guinée a inféré, suivant les normes OMS, l’état de flambée épidémique, induisant une situation de crise (angoisse collective et mobilisation des institutions) jusqu’à la guérison de ce patient et en l’absence d’autre contamination parmi les personnes qui avaient été en contact avec lui. Tout comme sa maladie, la guérison du « patient zéro » fut très médiatisée. La disparition des symptômes et la négativation du diagnostic virologique, correspondant à la définition OMS, ne furent cependant pas au premier plan. Les médias et les autorités sanitaires ont articulé étroitement la guérison individuelle du patient aux aspects collectifs de la flambée épidémique. Une analyse inspirée par Hewlett, qui a montré comment les sociétés produisent des narrations à propos des épidémies, fait apparaître que le récit -ou construction sociale- de cette interconnexion s'est déployé sur trois niveaux. Au plan épidémiologique la guérison du patient a, fort à propos, coïncidé avec la fin de la période de risque pour les sujets contacts. Au plan des représentations de l'atteinte, l’organisation du retour du patient dans son pays d’origine immédiatement après l'annonce de sa guérison bioclinique a permis de « guérir le corps social » sénégalais en ravivant la notion de « cas importé ». Au plan moral, les médias ont mis en scène la rédemption du patient demandant pardon pour le risque qu’il avait introduit dans le pays, mettant en avant par la même l'hospitalité sénégalaise à valeur identitaire (téranga), qui effaçait en partie les réactions antérieures de rejet envers les Guinéens considérés comme vecteurs de risque. Le chapitre analyse les mécanismes sociaux qui ont produit cette transposition de la guérison individuelle à l’échelle collective, dans les faits et la narration