L'amour aux temps du sida

International audienceL’épidémie du VIH/sida a-t-elle redéfini la sexualité ? Un rapide regard rétrospectif permet de s’en convaincre aisément : le sida a transformé en profondeur l’appréhension de la sexualité dans nos sociétés. Au prisme de l’épidémie, le sexe s’est fait objet de santé publique, objet de recherches et, indissociablement, objet de débats publics. Ce faisant, le VIH/sida a contribué à déplacer les normes sociales et culturelles de la sexualité. Rappelons que jusqu’en 1987, la publicité pour le préservatif était prohibée en France, au nom des lois natalistes de l’après 1ère Guerre Mondiale. C’est encore à l’initiative du mouvement associatif sida que sont élaborées les premières moutures de ce qui deviendra le Pacte Civil de solidarité. Mais le VIH/sida demeure également la marque d’une inquiétude individuelle et collective dans la sphère de l’intimité et du plaisir, et la séropositivité reste une condition de santé stigmatisée. La réponse aux risques de la transmission sexuelle du virus s’est construite autour d’un nouveau discours sanitaire, en rupture avec les approches hygiénistes et coercitives du passé. Sur ce terrain moralement et politiquement sensible, les associations et les autorités de santé ont élaboré très tôt une éthique sexuelle fondée sur la responsabilité individuelle des actes et des choix préventifs. Le préservatif s’est affirmé comme le symbole de ce paradigme, permettant la protection de soi et de l’autre, indépendamment des pratiques et des orientations