Faciès céramiques en territoire picton (IIe s. av. J.-C. / VIe s. ap. J.-C.). Rapport d'activité 2011, Programme collectif de Recherche SRA Poitou-charentes

L'année 2011 a été consacrée à la poursuite des travaux déjà engagés tant du point de vue de la caractérisation desateliers de potiers pictons, que de la définition des faciès céramiques d'époque romaine.Concernant plus particulièrement l'activité potière, c'est le site de Vieux Poitiers, localisé à environ 23 kilomètres au nord-est du chef lieu de la cité des Pictons, le long de la voie le reliant à Tours qui a retenu cette année l'attention.Cette agglomération secondaire de la Vienne antique s’étend sur près de 60 hectares sur la rive droite du Clain, à proximité de sa confluenceavec la Vienne. C’est dans l’est de cette agglomération au lieu-dit Les Groseilliers que se développe un quartier artisanal au sein duquel despotiers se sont implantés (Belliard et Ollivier 2008, p. 13). Au total, dans deux zones distantes d’une centaine de mètres, quatre fours associés à plusieurs fosses ont été mis au jour entre 1971 et 2000. Globalement, il semble que ces ateliers aient fonctionné entre la période tibéro-claudienne et le courant du IIe siècle de notre ère. L'étude conduite par M. Durquety a montré que les pâtes argileuses employées par les potiers sont d’une grande homogénéité et le répertoire des formes semble tout à fait comparable à celui des productions de la basse et moyenne vallée de la Loire et de ses affluents, même s’il présente également des caractères communs avec les vaisselier aquitains.Grâce au soutien financier dont il a bénéficié ces cinq dernières années, le PCR a pu mener à bien la caractérisation pétrographique et chimique des ateliers du territoire picton qui ont été réexaminés récemment par plusieurs membres du groupe d'étude. Ces travaux ont concerné lescentres de productions du Haut-Empire (Gourgé-79 ; Naintré-86), mais également ceux de l’Antiquité tardive (Bellefonds-86 ; Louin-79) et du haut Moyen Âge (Civaux Champs-Doucet - 86). Le programme de caractérisation chimique des ateliers par la méthode de la FluorescenceX en dispersion de longueur d’ondes, mené en collaboration avec le laboratoire de céramologie de Lyon (UMR5138, CNRS - Université Lumière Lyon 2, Maison de l'Orient et de la Méditerranée), a permis de dresser la carte d’identité de plusieurs de ces officines. Dans un souci de cohérence,la plupart des échantillons analysés feront également l'objet d'une étude pétrographique sur lame mince. Poursuivi en 2012, ce programme de recherche devrait permettre de disposer au total de plus de deux cents analyses chimiques et cent cinquante lames minces, offrant l’opportunitéd’appuyer les récents travaux typologiques des chercheurs régionaux.Intéressant les faciès de consommation des céramiques, les recherches effectuées par D. Guitton à Usseau dans le département des Deux-Sèvres ont permis de définir l’approvisionnement d’une agglomération du Haut-Empire située à l’extrémité nord du Bassin aquitain. Associés auxdonnées déjà collectées, ces résultats autorisent aujourd'hui à dessiner un transect à travers le seuil du Poitou montrant les changements dans la composition des faciès d'approvisionnement en céramiques des sites du territoire picton. Si les productions aquitaines parviennent à pénétrer relativement loin vers le nord, en revanche les céramiques produites dans la vallée de la Loire et ses affluents ne semblent pas dépasser le seuil du Poitou. Parallèlement, l'analyse des mobiliers céramiques d'un établissement rural antique (Ier-IVe s.) localisé à La Crèche en Deux-Sèvres a confirmé l'importance des céramiques culinaires granuleuses dans le sud du territoire picton durant l'Antiquité tardive.Dans le département de la Vienne, l'examen des céramiques recueillies lors de la fouille sur le site antique de La Viaube 1 à Jaunay-Clan (Vienne) a montré la présence de pots horticoles employés dans une exploitation agricole vers le milieu du Ier siècle ap. J.-C. Il convient de noter que ces récipients reprennent la forme des pots à cuire de la batterie de cuisine, un phénomène déjà mis en lumière sur différents sites en Gaule. Il s'agit vraisemblablement d'une production d'atelier au sein duquel le potier, ayant reçu commande, se contente d'ajouter des trous à une formequ'il fabrique couramment.A Poitiers l'étude du mobilier amphorique a porté sur le matériel recueilli lors de la fouille menée rue des Ecossais (Ollivier 1984) sur un quartier d'habitation daté des Ier et IIe siècles ap. J.-C. dans l'ouest de la ville antique. Il s'agit d'un lot modeste de six cents fragments environ mais qui contribue à mieux connaître la consommation de produits méditerranéens dans ce quartier de Lemonum. D'abord touché par les arrivages de vins italiens sous la forme d'amphores Dressel 1A, l'habitat reçoit ensuite majoritairement du vin de Tarraconaise entre la fin du Ier siècle av. J.-C. et le milieu du siècle suivant via les amphores Pascual 1 et Dressel 2/4. Le mobilier examiné donne l'occasion d'observer la présence des productions régionales à engobe blanc sans doute destinées à transporter du vin. Des conteneurs originaires du sud de la péninsule ibérique, plus précisément de Bétique, indiquent que de l'huile d'olive et des sauces de poisson entraient probablement dans les pratiques alimentaires des occupants du site.Comme en 2010, le financement obtenu dans le cadre du PCR a permis l'organisation d'une deuxième session d'initiation à l'observation macroscopique et à l'étude archéométrique des céramiques. Celle-ci s'est déroulée au mois de mars regroupant une douzaine de participants, professionnels de l'archéologie et étudiants des universités de Poitiers et de Bordeaux 3. Le stage s'est tenu sur trois jours alternant sessions de cours théoriques assurées par A. Schmitt (CR au CNRS au sein de l'UMR 5138 Archéométrie et Archéologie de la Maison de l'Orient et de laMéditerranée à Lyon) et travaux pratiques d'observation des tessons à la loupe binoculaire (fig. 2).D'une manière générale, les travaux menés dans le cadre du PCR en 2011 ont largement contribué à enrichir nos connaissances sur les mobiliers céramiques mis au jour dans la région et à préparer dans de bonnes conditions les communications et les posters qui illustreront le thème régional du Congrès de la SFECAG qui aura lieu à Poitiers entre le 17 et le 20 mai 2012