La fantaisie dans les marges. Le double registre didascalique de Boris Vian.

International audienceSa position de texte en sursis, à la fois auctorial et désautorisé, scénique et pourtant purement verbal, à la fois lisible et invisible, fait de la didascalie un espace de jeu aux sens mécanique et ludique du terme : Vian ne manque pas de l’investir, de s’égayer avec les mots de régie (néologie, jeux de mots) et de se moquer de sa position de chef d’orchestre dramatique. Vian refuse en effet l’esprit de sérieux attaché à cette fonction de pré-metteur en scène et il refuse du même coup la parole uniforme et atone qui en est le résultat et le véhicule. Il fait au contraire le choix de la variété langagière et remet en cause la prétendue alittérarité du texte de régie. Pour être disséminées d’un bout à l’autre des pièces, ces diverses fantaisies didascaliques tendent néanmoins à être plus concentrées dans les marges du dialogue, afin de lui permettre de rayonner pleinement. Vian, Protée didascalique, se montre ainsi fin stratège dramatique