L'injonction à l'interdisciplinarité : un symptôme de (dé) professionnalisation et une opportunité ?

International audienceCet article souhaite interroger à la fois les raisons pour lesquelles la sémantique de l’interdisciplinarité (trans-inter-pluri) est largement utilisée aujourd’hui, notamment dans le champ du travail social, et la façon dont elle provoque un débat entre projet des institutions et projet des professionnels.Notre propos sera développé en 3 points. Dans un premier temps, nous nous poserons la question de savoir dans quelle mesure la rhétorique de l’interdisciplinarité est cohérente avec des évolutions du travail (nouvelles formes d’organisation du travail) et du management des organisations (nouvelles formes de gouvernance) qui suscitent son recours ? Ensuite, nous nous demanderons si la notion d’interdisciplinarité est une notion émanant d’une intention politique, professionnelle et/ou scientifique ? Qui exprime le projet et pourquoi ? Quelle analyse peut on faire des enjeux Politiques, professionnels, épistémologiques et scientifiques ? Plus particulièrement, quels sont les enjeux de l’interdisciplinarité pour les cultures professionnelles ? Enfin, si l’on regarde le développement et l’usage du lexique de l’interdisciplinarité dans différents milieux d’activités, ne suscitent-ils pas un débat social entre une injonction d’interdisciplinarité qui relèverait d’abord d’un projet institutionnel adressé aux milieux professionnels et un besoin de métier qui constituerait une revendication des professionnels ? Dès lors, ne participent-ils pas d’un malentendu entre projet de re-professionnalisation collective avancé par les institutions à destination des milieux professionnels (travailler en réseau et valoriser le maillage des expertises) et sentiment de de-professionnalisation vécu par les professionnels qui voient leurs spécificités d’intervention mises à mal par un tel projet (car diluée dans des fonctionnements collectifs)