Recours aux interprétations des noms hébreux dans l'exégèse de saint Bernard

Noms hébreux avec et sans interprétation dans l'oeuvre de BernardInternational audienceBernard, comme ses contemporains, affectionne le recours aux interprétations de noms hébreux, non par goût pour l’ésotérisme ou par intérêt philologique (son œuvre ne nous apprend rien sur les recueils onomastiques carolingiens), mais parce que cet abbé, mystique et exégète, y a vu un formidable moyen de passer du sens littéral au sens spirituel de l’Ecriture, et de conduire ainsi les âmes de ses auditeurs à la contemplation intérieure du Verbe. Il n’en mentionne qu’une soixantaine, parmi les innombrables données par saint Jérôme et reprises par la tradition médiévale : surgissant au fil des textes bibliques commentés, elles ne sont nullement des réminiscences arbitraires, mais relèvent d’une sélection dictée à la fois par la mens, ce que traduisent les structures littéraires, et l’affectus, qui a partie liée avec l’imaginaire. Certaines (Nazareth flos, Iordanes descensus, Ierusalem visio pacis, Iuda confessio, Babylon confusio) deviennent de véritables leitmotivs : à travers elles, Bernard dessine une géographie spirituelle à l’échelle de son œuvre, comparable à celle qu’il propose aux Templiers vers 1130 dans son Eloge de la Nouvelle Chevalerie