«Un contemporain célèbre». Ritratti e immagini di Manin in Francia fra rivoluzione ed esilio (apparato iconografico: pp. 243-252)

Avant son arrivée en France en 1849 et de plus en plus depuis les années de la proscription jusqu’après sa mort, dans l’opinion publique transalpine Daniele Manin, ancien président de la République de Venise de 1848, est perçu comme ce que le langage de la nouvelle «ère médiatique» appelle une célébrité politique. C’est-à-dire une personnalité publique paradigmatique, mais aussi productrice de grandes émotions, presque unanimement aimée et appréciée, à la fois familière et inaccessible, populaire et inconnue, et donc continuellement objet de curiosité. L’exilé-président devient l’objet d’un authentique culte populaire. Il est vu aussi bien en tant que chef d’une révolution démocratique considerée comme exemplaire et pure, qu’en tant que modèle d’homme d’État, contrairement à Giuseppe Mazzini, largement représenté en France comme un conspirateur prônant seulement le poignard, et au prince-président Louis Napoléon, traître de l’authentique souveraineté du peuple aux yeux de l’opposition libérale et républicaine. De la Seconde à la Troisième République en passant par le Second Empire, la figure du «Manin français» est celle d’un républicain ancien et moderne, qui sait joindre les vertus publiques aux vertus privées et qui s’est rallié à la monarchie par un acte de dévouement patriotique au nom de l’unité italienne. Manin est aussi représenté comme un héros bourgeois, qui soudain est catapulté de son bureau d’avocat à la tête d’une révolution, ensuite – evincé du pouvoir, exilé, pauvre et obligé à donner des leçons d’italien pour vivre – il sait réagir stoïquement aux malheurs de sa patrie Venise comme aux malheurs de sa famille (Teresa, sa femme, meurt de choléra à Marseille en octobre 1849; Emilia, sa jeune fille malade d’épilepsie, cesse de vivre au début 1854 à Paris)