Terres de souffrance et terres futures : esquisse d\u27un imaginaire politique guadeloupéen

Les post-colonial studies ont largement démontré s\u27il en était besoin la réalité d\u27une pensée autonome du dominé face à la pensée dominante qui a prétendue occuper la totalité de l\u27espace intellectuel du colonisé et dire à sa place sa vérité et ses espérances. Frantz Fanon, dans la vision dichotomique que l\u27on connait, postulait l\u27existence d\u27un imaginaire du colonisé antinomique à celui du colon, univers mental théorisé mais reflétant plutôt peu que prou les caractères de l\u27univers mental antillais de ses origines. Il ne reste pas moins qu\u27on ne puis non plus se satisfaire de ramener l\u27imaginaire antillais à la seule quête d\u27assimilation. La démarche historique permet de vérifier quelles furent les perceptions du réel dans la pensée antillaise et les projections concevables qui s\u27énoncèrent entre interstices d\u27une pensée coloniale dominante réduisant à néant le sujet. L\u27imaginaire politique tel qu\u27il s\u27offre à l\u27observation à travers les productions de textes politiques (journaux, proclamation, débats, récits et polémiques) est une source féconde pour l\u27exégèse. Notre contribution tentera d\u27esquisser les contours de l\u27imaginaire politique guadeloupéen à travers l\u27expression de trois personnages majeurs de l\u27histoire politique du XXe siècle qui furent chacun des leaders d\u27opinion, confirmant une certaine adéquation de l\u27expression politique de ces leaders avec l\u27imaginaire politique populaire : Hégésippe Jean Légitimus (+ 1944), Achille René-Biosneuf (+1927), et Rosan Girard (+2001), ce dernier dirigeant communiste et leader populaire charismatique des années 1945-60, n\u27étant pas le moins original des trois