Archéologie de la télévision éducative : la dérive d'une action

International audienceAu début du XXIe siècle, alors que les ordinateurs ont envahi les sphères professionnelles et personnelles et s’implantent avec une puissance sans cesse accrue dans les lieux de formation, de l’école à la formation continue, en passant par l’université et alors qu’Internet prétend offrir à tous l’accès à tous les savoirs, comment peut-on encore évoquer la télévision éducative, qu’elle soit scolaire ou destinée à des adultes, sans être soupçonné(e) de nostalgie ringarde ? Peut-être en rappelant que la « fracture numérique » n’est pas seulement une formule récurrente, mais aussi une réalité sociale dont la pression des industriels de l’informatique et les discours politiques bien intentionnés ne parviennent que faiblement à vaincre l’insistance. Tandis que la télévision, qui, à ses débuts, se voulait porteuse de culture et d’éducation, est devenue un immense « Luna Park », où la concurrence se joue sur des critères de médiocrité intellectuelle, de séries américaines trépidantes, de plateaux flagorneurs ou grinçants, d’animateurs racoleurs, où la culture est cantonnée à des canaux spécialisés et dont la multiplication des chaînes et des sources d’émissions (câble, satellite, TNT) tend à rompre la fonction de lien social (Missika et Wolton, 1983), comment croire encore que des programmes puissent à la fois prétendre véhiculer des connaissances formelles et organisées et atteindre une audience significative ? La Cinquième, devenue France 5, créée comme « chaîne du savoir, de la formation et de l’emploi », s’y risque à peine, se contentant de diffuser quelques émissions universitaires nocturnes dans un flux de documentaires et de magazines.Comment cela a-t-il commencé et comment en est-on arrivé à la situation actuelle