Chrétiens et Juifs depuis Vatican II : Etat des lieux historique et théologique. Prospective eschatologique

International audienceEn quarante lignes d’une déclaration conciliaire sans précédent (Nostra Aetate, § 4, 1965), l’Eglise a tourné le dos à dix-huit siècles d’hostilité chrétienne envers le peuple juif, et entrepris de porter sur lui un « nouveau regard ». Depuis, réflexions, déclarations et documents de travail se sont succédé ; des gestes significatifs ont été posés par des papes tels Jean XXIII et surtout Jean Paul II ; des commissions mixtes ont été créées et des rencontres entre institutions juives et chrétiennes ont lieu plus ou moins régulièrement. Indéniablement, rien ne sera plus comme avant dans les rapports entre juifs et chrétiens. Toutefois, à côté d’un bilan largement positif, force est de constater la persistance d’un malaise réciproque. Sauf exceptions, de nombreux chrétiens – clercs comme laïcs - vivent mal l’imperméabilité des juifs au message de l’Evangile et leur attachement inébranlable à la tradition rabbinique et à son interprétation des Ecritures. Quant aux juifs, le regain d’intérêt dont ils sont l’objet de la part de l’Eglise, alimenté par des maladresses chrétiennes, réveille le malaise atavique qui est le leur face à tout ce qui ressemble à une entreprise de conversion.Le présent ouvrage cite de nombreux témoignages des résurgences post-conciliaires de l’hostilité chrétienne antijuive multiséculaire, et consacre d’amples développements à l’intense réflexion théologique qui a suivi la prise de conscience ecclésiale récente du caractère irrévocable de l’Alliance entre Dieu et Israël. Il traite loyalement de la difficulté qu’éprouve l’Eglise à concilier sa nouvelle orientation avec sa certitude d’avoir pris, dans le dessein de Dieu, la place laissée vacante par la défection d’Israël, qui n’a pas cru en la messianité de Jésus. La question israélienne n’est pas laissée de côté. L’auteur évoque la contestation mondiale dont l’Etat juif est l’objet, et le fait indéniable qu’il constitue pierre d’achoppement pour beaucoup de chrétiens, préoccupés du sort des Palestiniens. Sans nier les problèmes causés par le conflit israélo-palestinien et les injustices inévitables qui en découlent, il s’inquiète du zèle suspect dont font preuve tant d’accusateurs chrétiens de l’Etat juif qu’en se mettant à la remorque des faux prophètes de l’antisionisme, qui accusent Israël de néo-colonialisme et d’apartheid, non seulement ils attisent la haine contre ce peuple, mais ils risquent de se "trouver en guerre contre Dieu lui-même" (cf. Ac 5, 39), dont ils ignorent les desseins, et de paver la voie à la montée hostile des nations, annoncée, entre autres, par les prophètes Joël (4, 1ss.), Michée (4, 8ss), et Zacharie (12, 3), ainsi que par le Psaume 2.L’ouvrage s’achève sur les perspectives eschatologiques, encore embryonnaires en chrétienté, que révèle à qui fait l’effort d’en acquérir la connaissance, l’extraordinaire richesse de la foi et de l’espérance juives, en quelque sorte consubstantielles à celles du christianisme. C’est la contribution la plus personnelle de l’auteur