Activité biographique et développement du sujet plurilingue

International audienceL’article montre d'abord à travers deux cas, comment l'activité biographique conduite en didactique des langues opère un renversement majeur dans le rapport entre apprentissage et action. En effet, loin d’être située en dehors de l’action (d’être en mobilité internationale, d’interagir quotidiennement avec des Français) les « biographies langagières » s’appuient sur celle-ci pour en faire des objets de discours. Ce faisant, l’apprenant acquiert la preuve qu’une co-production de connaissances est possible à partir de son expérience vécue de locuteur et de sujet plurilingue. On en vient ensuite à considérer la question de la formation initiale : il convient en effet de former de jeunes praticiens réflexifs, prenant la mesure de ce renversement et le traduisant dans des gestes professionnels appropriés. C'est ainsi qu'un dispositif expérimental a été mis en place à l’université de Cergy-Pontoise. Il s'agissait de montrer la transférabilité du journal d’apprentissage écrit en situation d’apprentissage réflexif d'une langue inconnue (ARLI) vers une situation d’enseignement. Dans ce cadre, les jeunes enseignants ont appris que leur rôle n'était pas (seulement) d’accroitre le stock de connaissances linguistiques et culturelles de leurs apprenants mais d’exploiter ce qui était « déjà là » dans le répertoire communicationnel de ceux-ci, de leur groupe de pairs et de leur entourage social. Il ont notamment du désapprendre à considérer leur rôle face aux textes écrits comme relevant uniquement de l’intervention normative sur le matériau verbal et tenté d'aider les apprenants à re-configurer ces matériaux par des activités (verbales et non verbales) dans lesquelles la dimension poétique pouvait tenir une large place