Conflits, ouragans et marchandisation.: La catastrophe comme rupture socio-environnementale dans l’expérience totonaque

International audienceCe texte explore la valeur heuristique que présente la notion de rupture socio-environnementale (qui à la fois diffère des notions de catastrophe et de désastre et inclut celles-ci) pour une approche anthropologique d’analyse conjointe de l’impact d’événements radicaux ponctuels et de processus longs de rupture des systèmes de savoirs locaux, d’usage de l’environnement et de reproduction sociale dans une société donnée. A cette fin, nous mobiliserons aussi bien des données ethnographiques récentes ainsi que l’ethnohistoire des populations paysannes amérindiennes totonaques du centre-est du Mexique. En étudiant les perceptions totonaques d’expériences locales successives de conflits armés, de catastrophes “naturelles” et économiques, ce texte montre comment les processus actuels d’intégration croissante à l’économie mondiale et sa tendance disruptive de marchandisation de la nature sont interprétés localement comme présentant une continuité avec des processus passés de destruction et de mort associés aux violences politiques et aux désastres climatiques dans le cadre d’une seule et même interprétation socio-cosmique des relations écologiques et sociales, ceci à partir d’une vision du monde caractéristique des sociétés amérindiennes mésoaméricaines contemporaines