La religion explique-t-elle les attitudes politiques ?: Ce que les enquêtes ISSP dans huit pays d’Europe occidentale permettent de conclure

International audienceSi les politologues français ont souvent mis en avant le fort et persistant poids de la variable religieuse dans les comportements électoraux, c’est moins le cas dans d’autres pays européens. Pourtant il est vrai que les variables religieuses y ont aussi de l’impact. L’intégration à un univers religieux ou irreligieux semblent avoir des effets importants sur l’intégration d’un système de valeurs qui à son tour contribue à orienter les comportements, notamment électoraux.Nous avons voulu tester ce poids des identités religieuses sur les attitudes politiques à partir des données du module « Citoyenneté » de l’enquête International Social Survey Programme (ISSP) en 2014 et nous comparons les résultats avec ceux de la même enquête en 2004 . Nous avons retenu huit pays occidentaux de l’Union européenne, trois de tradition catholique (Autriche, Espagne, France), trois de tradition protestante (Danemark, Finlande, Suède) et deux pays bi-confessionnels (Allemagne et Pays-Bas).Du point de vue politique, nous prenons en compte non seulement l’orientation politique mais aussi la politisation, les perceptions de la citoyenneté, la propension à voter, le potentiel protestataire et la confiance aux hommes et partis politiques. Du point de vue religieux, nous avons construit une échelle classique croisant la dénomination religieuse et l’intensité de la pratique. Les résultats montrent que, si l’implication en politique est avant tout dépendante du niveau de diplôme, le fait d’être intégré ou en dehors d’un système religieux joue un rôle non négligeable, tout comme la culture politique du pays. L’influence de l’intégration religieuse joue encore davantage sur l’orientation politique, les pratiquants étant dans tous les pays plus à droite que les non pratiquants et surtout les sans religion. Mais, la tendance est à la lente baisse de ces écarts, les valeurs religieuses étant aujourd’hui un peu moins déterminantes des valeurs politiques que dans les décennies passées